PARIS (Reuters) - Myriam El Khomri poursuit cette semaine ses consultations avec les organisations syndicales et patronales sur son projet de réforme du code du travail contesté par une partie de la gauche et des organisations étudiantes, qui appellent à manifester le 9 mars, date de l'examen du texte en conseil des ministres.
La ministre du Travail, qui s'est entretenue avec la CFDT et la CFE-CGC la semaine dernière, doit recevoir ce lundi l'Unsa avant l'UPA (Union professionnelle artisanale) et FO mardi, puis la CGT, la CFTC, le Medef et la CGPME jeudi.
La contestation grandit contre ce texte - probable dernière grande réforme du quinquennat de François Hollande - qui cristallise l'opposition d'une grande partie de la gauche qui y voit une atteinte aux droits des salariés.
Dimanche soir, la CFDT, qui avait jugé "irréaliste" la semaine dernière la présentation du texte le 9 mars prochain, a appelé explicitement à un report de l'examen de ce projet de loi "totalement déséquilibré" à ses yeux.
"Le gouvernement a pu aisément comprendre cette dernière semaine que ce texte suscitait le désaccord de beaucoup de monde et de toutes les organisations syndicales", a dit le secrétaire général de la confédération, Laurent Berger, sur France 5.
"Plutôt que de s'obstiner à présenter ce texte en conseil des ministres le 9 mars et de voir ensuite des mobilisations - parce que je le dis, si ce texte devait rester en l'état, la CFDT se mobiliserait contre certaines parties de ce texte - donc plutôt que de faire ça, il faut repartir sur une concertation", a-t-il ajouté.
Jeudi, à l'issue de sa rencontre avec Myriam El Khomri, la numéro 2 de la confédération avait indiqué que la ministre leur avait répondu qu'elle "allait voir".
DÉSÉQUILIBRÉ
"Il faut que le gouvernement accepte de repartir à la discussion avec l'ensemble des organisations syndicales et patronales en tête à tête sans doute mais aussi de façon multilatérale avec tous les acteurs pour qu'on revienne à un équilibre", a dit dimanche Laurent Berger.
Il faut "que ce texte soit à la fois le renforcement de la négociation collective et le renforcement de la sécurisation des parcours des salariés".
Dans une interview au Journal du Dimanche, le ministre de l'Economie Emmanuel Macron a défendu le projet de réforme, tout en précisant que le texte n'était pas intangible, et a appelé à un "vrai débat démocratique de manière calme et dépassionnée".
Selon un sondage ELABE publié la semaine dernière, la réforme est considérée par 70% des Français comme une menace pour les droits des salariés et seuls 30% pensent qu'elle permettra la création d'emplois.
La pétition numérique lancée par des militants associatifs et intitulée "Loi Travail : non merci!" affichait lundi matin plus de 760.000 signatures.
Une dizaine d'organisations de jeunesse et de syndicats étudiants, dont l'Unef, la FIDL et l'UNL, ont appelé à une journée d'action nationale le 9 mars.
L'intersyndicale montée la semaine dernière ne s'est pour l'heure pas prononcée sur une éventuelle action commune mais a prévu de se réunir le 3 mars pour poursuivre le travail en commun sur ce texte et faire d'autres propositions.
(Marine Pennetier, édité par Jean-Philippe Lefief)