SEOUL (Reuters) - La Corée du Nord a confirmé avoir procédé à un nouvel essai de missiles tactiques, révélé mardi matin par l'état-major de l'armée sud-coréenne.
L'agence officielle de presse nord-coréenne KCNA précise que Kim Jong-un a assisté au tir de mardi, que le dirigeant nord-coréen a présenté comme "une occasion d'adresser une mise en garde adéquate contre les exercices militaires conjoints que mènent actuellement les autorités américaines et sud-coréennes".
La République populaire démocratique de Corée avait déjà procédé à trois séries de tirs de missiles à courte portée les 25 juillet, 31 juillet et 2 août.
Le président américain Donald Trump a minimisé la semaine dernière l'importance de ces tirs récents, soulignant qu'il s'agissait de missiles à courte portée et "très standards", et se disant disposé à poursuivre le dialogue avec la Corée du Nord.
Lors d'une visite à Lima, le conseiller à la sécurité nationale des Etats-Unis, John Bolton, a déclaré que Donald Trump et Kim Jong-un, qui se sont rencontrés à trois reprises en un an, étaient convenus que la Corée du Nord suspendrait ses tirs de missiles balistiques intercontinentaux.
"Cela ressemble à une série de tests parce qu'ils veulent que leur missile soit pleinement opérationnel", a déclaré Bolton sur l'antenne de Fox News. "Le président suit cela de très très près", a-t-il ajouté.
Selon le chef d'état-major de l'armée sud-coréenne, les missiles ont été lancés mardi depuis la province de Hwanghae, dans le sud du pays. Ils ont parcouru environ 450 km en vol et atteint une altitude de 37 km.
Il s'agirait, d'après les services du renseignement américain et sud-coréen, de tirs semblables aux essais de missiles balistiques à courte portée effectués par Pyongyang à la fin juillet.
D'après un expert militaire, la zone d'où a été effectué le dernier tir nord-coréen en date n'est pas sans importance car elle signifie que l'ensemble de la Corée du Sud est à portée d'atteinte du missile avec une capacité de vol de 450 km.
"Cela devient difficile de détecter en avance le lieu d'où sera effectué un tir car Pyongyang est capable de lancer un missile de presque partout en Corée du Nord, pouvant viser l'ensemble de la Corée du Sud", a déclaré Kim Dong-yub, de l'université sud-coréenne de Kyungnam.
Le ministère sud-coréen de la Défense a dit mardi que le tir de missiles contrevenait à l'esprit de détente dans la péninsule coréenne.
"AIGUISER UNE LAME"
Les Etats-Unis "entretiennent les tensions" en effectuant des manoeuvres militaires avec la Corée du Sud, a répliqué mardi Ju Yong Chol, un diplomate nord-coréen en poste à Genève.
Pyongyang pourrait "revenir sur toutes les grandes avancées observées jusqu'à présent", a-t-il ajouté en s'adressant à la conférence de l'Onu sur le désarmement.
Dans un communiqué relayé mardi par l'agence de presse officielle KCNA, le département nord-coréen des Affaires étrangères a déclaré que la Corée du Nord s'en tenait à ses engagements de trouver une issue à la crise "par le dialogue".
Mais, a-t-il prévenu, la Corée du Nord pourrait être "contrainte de chercher une autre voie", comme elle l'a indiqué par le passé, si Séoul et Washington venaient à poursuivre leurs "actes militaires hostiles".
Un porte-parole du ministère nord-coréen a accusé les Etats-Unis et la Corée du Sud de vanter publiquement les mérites du dialogue mais d'"aiguiser une lame" ensuite pour nuire à la Corée du Nord.
La presse sud-coréenne a rapporté que les exercices militaires conjoints de la Corée du Sud et des Etats-Unis ont commencé de facto lundi, avec la vérification de capacités opérationnelles basiques sud-coréennes pour le transfert du contrôle des opérations maritimes. Un haut représentant à Séoul a indiqué par le passé que les exercices comporteraient principalement des simulations informatiques.
Selon un rapport de l'Onu que Reuters a pu consulter lundi, la Corée du Nord a récolté environ 2 milliards de dollars pour ses programmes d'armement de destruction massive grâce à des cyberattaques visant des banques ou des plateformes de cryptomonnaie.
(Joyce Lee, avec Josh Smith à Séoul, Mohammad Zargham, Matt Spetalnick et David Brunnstrom à Washington; Jean Terzian, Nicolas Delame et Jean-Stéphane Brosse pour le service français, édité par Henri-Pierre André)