MADRID (Reuters) - Le président du gouvernement espagnol sortant, Mariano Rajoy, n'est pas parvenu vendredi à obtenir la confiance du Parlement et ce nouvel échec accroît un peu plus la probabilité de nouvelles élections, qui seraient les troisièmes en un an.
Celles de juin et de décembre n'ont pas permis la formation d'une majorité parlementaire et le chef de file du Parti populaire (PP, droite) expédie les affaires courantes depuis huit mois.
Mariano Rajoy avait subi un premier échec mercredi à l'Assemblée, où six voix lui ont fait défaut pour atteindre la majorité absolue, nécessaire à sa reconduction.
Lors de ce deuxième scrutin, qui se déroulait à la majorité simple, onze abstentions auraient suffi, mais les 180 élus qui ont voté contre lui lors du premier ont fait de même vendredi.
Avant le vote, Antonio Hernando, porte-parole du Parti socialiste (PSOE) au Congrès des députés, avait jugé "inconcevable" que des membres de son groupe optent pour l'abstention.
Mariano Rajoy dispose désormais d'un nouveau délai théorique de deux mois - jusqu'au 31 octobre - pour tenter de former un gouvernement de coalition, mais un retour aux urnes semble plus probable. En vertu du code électoral, le scrutin pourrait avoir lieu le jour de Noël, mais tout devrait être fait pour l'avancer d'une semaine.
La crise, qui provoque la colère des Espagnols et nourrit leur rejet de la classe politique, a également un effet sur l'économie.
Luis de Guindos, ministre de l'Economie dans le gouvernement intérimaire, a prévenu jeudi que les objectifs budgétaires de 2017 ne pourraient être tenus en l'absence de gouvernement stable.
Madrid a jusqu'à la mi-octobre pour présenter à la Commission européenne ses orientations budgétaires pour l'année prochaine.
Il s'agira probablement d'une prolongation du budget 2016, sans mesures nouvelles à même de résorber le déficit, a dit Luis de Guindos. "Il est évident que cela ne suffira pas pour atteindre nos objectifs pour 2017 (...) Il est donc essentiel que nous disposions d'un gouvernement pleinement opérationnel pour pouvoir concevoir un budget pour l'année prochaine", a-t-il ajouté à la radio.
L'Espagne doit normalement ramener son déficit public à 4,6% de son PIB cette année puis 3,1% fin 2017.
(Sonya Dowsett, Henri-Pierre André et Jean-Philippe Lefief pour le service français)