VARSOVIE/BRUXELLES (Reuters) - (Correction: les propos ont été attribués par erreur au ministre turc des Affaires étrangères, ils ont été prononcés par le ministre croate des Affaires étrangères.)
Les déclarations d'Emmanuel Macron sur l'Otan, qu'il juge en état de "mort cérébrale", sont dangereuses, estime le Premier ministre polonais, tandis que le chef de la diplomatie croate a renouvelé lundi sa confiance en la pérennité de l'Alliance.
Le président français a provoqué une onde de choc en remettant en cause les finalités stratégiques de l'Otan, dans une interview à The Economist, notamment l'article V du Traité de l'Atlantique Nord.
"Je pense que les doutes du président Macron (sur l'article V, clause de défense mutuelle-NDLR) peuvent amener d'autres alliés à se demander si c'est peut-être la France qui a des inquiétudes quant à sa capacité à s'y conformer. J'espère que nous pourrons toujours compter sur le respect par la France de ses obligations", réagit le Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki dans une interview au Financial Times.
Qualifiant les propos d'Emmanuel Macron de "dangereux", il souligne en outre dans le quotidien britannique que plusieurs membres de l'Otan, dont la France, manquent à leurs engagements de consacrer 2% de leur PIB à la Défense.
"Je pense qu'il est bon de s'interroger sur les raisons pour lesquelles l'Otan n'est pas celle qu'on souhaiterait. Ce n'est pas faute d'un engagement américain, c'est faute d'un manque de réciprocité de la part de certains alliés européens", dit-il.
A Bruxelles, le ministre croate des Affaires étrangères, Grlic Radman, a dit "croire en l'avenir de l'Otan".
"C'est un cadre pour protéger nos valeurs, la paix, la stabilité, je pense que nous avons besoin de l'Otan", a-t-il dit à des journalistes à son arrivée à un conseil des ministres européens des Affaires étrangères.
La ministre française des Armées, Florence Parly, a défendu lundi sur France Inter le diagnostic du président français.
"La crise que le président de la République est une crise qui est déjà bien visible depuis deux ans. (...) Il y a des incertitudes sur les Etats-Unis qui sont le premier garant de l'Alliance atlantique", a-t-elle notamment déclaré.
(Anna Koper à Varsovie, Foo Yun Chee à Bruxelles, Rédaction de Paris pour la version française)