PARIS (Reuters) - Vincent Peillon, qui fut ministre de l'Education de 2012 à 2014, a annoncé dimanche soir sa candidature à la primaire présidentielle du Parti socialiste, se posant en garant du rassemblement et en défenseur du bilan de François Hollande.
La candidature de l'eurodéputé de 56 ans, qui était en retrait de l'arène politique française depuis son départ du gouvernement en mars 2014, constitue une surprise à gauche où la décision de François Hollande de renoncer à briguer un second mandat l'a convaincu de franchir la pas.
Il défiera notamment dans le scrutin des 22 et 29 janvier ses anciens collègues Manuel Valls, Arnaud Montebourg et Benoît Hamon, qu'il a implicitement critiqués en se présentant comme le "le candidat d'une éthique politique" et de la loyauté envers François Hollande.
"Je suis le candidat d'une éthique politique car je suis parti du gouvernement avant ceux qui peut-être n'ont pas l'air de vouloir soutenir leur propre bilan", a dit Vincent Peillon sur France 2.
"Je n'avais pas prévu de l'être, parce que je considérais que le président de la République devait porter les couleurs de ce bilan et définir le nouveau projet", a ajouté ce héraut des "hollandais" qui affirme avoir pris sa décision le soir de l'annonce du chef de l'Etat, le 1er décembre dernier.
"Je pensais que c'était à lui d'assumer devant les Français son bilan", a-t-il expliqué, estimant que l'Histoire saurait lui rendre justice.
"Les jugements sur sa personne comme sur son action sont injustes. Il y a un seul pays en Europe qui a maintenu sa cohésion sociale, son niveau de Sécurité sociale, qui a même créé des postes de fonctionnaires, qui a fait de nouvelles conquêtes de protection sociale", a dit Vincent Peillon.
"En même temps qu'on a réduit les déficits, on a maintenu notre modèle social et même on l'a fait progresser. Je crois que très vite les Français vont réapprécier et sa personne et ce bilan", a-t-il insisté.
Vincent Peillon, qui fut l'artisan de la réforme contestée des rythmes scolaires, a concédé "des erreurs".
"Je reconnaîtrai aussi les difficultés qui nous ont amenés dans cette situation unique sous la Ve République : qu'un président qui a bien gouverné ne peut pas se représenter", a-t-il affirmé.
"Moi je veux être le candidat du rassemblement. Le rassemblement (...) pour gagner parce qu'on a l'extrême droite, elle est haute (...), la droite de M. Fillon qui est en train d'affirmer des choses d'une dureté incroyable", a-t-il plaidé "La primaire est une machine à fabriquer de l'unité".
Le nouveau candidat a dit n'avoir "aucun ennemi ni dans la primaire, ni à gauche et dans le camp des progressistes" et s'est dit prêt à travailler avec Jean-Luc Mélenchon et Emmanuel Macron, des "personnes de valeur", qui ne concourent pas dans la primaire".
Vincent Peillon, docteur en philosophie, était depuis décembre 2014 professeur associé à l'université de Neuchâtel, en Suisse, avec pour spécialité l'histoire de la démocratie.
L'ex-ministre est soutenu par plusieurs députés -- Patrick Mennucci, Eduardo Rihan-Cypel, Patrick Bloche. Patrick Mennucci, député des Bouches-du-Rhône, estime que Vincent Peillon est au "point d'équilibre" de la gauche.
(Sophie Louet)