PARIS (Reuters) - Un an jour pour jour après sa nomination à Matignon, Edouard Philippe assume dans une interview au Monde "faire du Macron", assure que le programme de réformes sera "dense" jusqu'au bout et écarte tout remaniement imminent de son gouvernement face aux rumeurs de départ visant certains ministres.
"J’assume parfaitement toute la politique que nous menons", souligne le Premier ministre issu de la droite juppéiste dans cet entretien publié mardi. "Je mets en œuvre les engagements du président de la République. Et ce qui m’intéresse, c’est que les Français perçoivent que notre politique est efficace, qu’elle permet de réparer le pays, après des années d’immobilisme".
A la question de savoir s'il ne fait pas "du Juppé sans Juppé", du nom de son mentor, l'ancien Premier ministre et maire de Bordeaux, il répond : "Je suis là pour faire du Macron, pas du Juppé ! Emmanuel Macron n’est pas Alain Juppé. Ils sont différents à bien des égards".
En l'espace d'un an, l'ancien maire et député du Havre, inconnu du grand public, s'est retrouvé en première ligne sur la question de l'aéroport de Notre-Dame-des-Landes, la réforme du code du travail, la limitation de vitesse à 80km/h, la révision des institutions ou encore la réforme de la SNCF.
Sur ce dernier point, "j’assume des désaccords" avec les syndicats "mais il est faux de dire que nous n’entendons pas ce qui est dit", indique Edouard Philippe, qui espère que le conflit s'arrêtera "avant" le vote de la loi.
"Ce conflit a des conséquences extrêmement pénibles pour un nombre considérable d’usagers et d’entreprises, y compris la SNCF ! Cette grève a un impact très dur et elle a été conçue pour ça", ajoute-t-il. "C’est une conception très particulière de ce que doit être un mouvement social."
"PAS DE TEMPS 1 ET DE TEMPS 2"
Un an après le début du quinquennat d'Emmanuel Macron, marqué par une série de réformes (anti-terrorisme, Code du travail, moralisation de la vie politique, réforme de l'accès à l'université...) Edouard Philippe assure qu'il n’y aura "pas de temps 1 et de temps 2".
"Je ne crois pas ceux qui disent qu’on aura terminé en 2019 l’ensemble du programme, et qu’après il n’y aura plus rien à faire", souligne-t-il dans les colonnes du Monde. Il y a immensément à faire dans le pays pour le réparer. Le programme de travail sera dense jusqu’au bout."
Et pas question pour l'heure de remanier l'équipe gouvernementale, assure Edouard Philippe, face aux rumeurs de presse faisant état d'un remaniement en préparation qui pourrait déboucher sur le départ de Françoise Nyssen (Culture) ou Jacques Mézard (Cohésion des territoires).
"Ce n'est pas à l'ordre du jour", indique le Premier ministre. "Je suis chef d’un gouvernement avec lequel j’aime travailler. Je soutiens tous les ministres dans leur action réformatrice. Je suis frappé par leur très grande loyauté et le nombre extrêmement réduit de ce qu’on appelait auparavant des couacs."
Pendant la campagne présidentielle, Emmanuel Macron avait prévenu que s'il était élu l'"efficacité" des ministres serait évaluée régulièrement et qu'il déciderait "une fois par an, en lien avec le Premier ministre, de les reconduire ou pas."
(Marine Pennetier et Simon Carraud, édité par Yves Clarisse)