PARIS (Reuters) - Les syndicats se préparent à une nouvelle démonstration de force contre la réforme des retraites mardi en France avec des grèves et des manifestations qui continueront d'affecter lourdement les transports.
Le Premier ministre, Edouard Philippe, dévoilera mercredi "l'intégralité" du projet gouvernemental devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese).
Le haut-commissaire aux retraites, Jean-Paul Delevoye, et la ministre des Solidarités, Agnès Buzyn, ont clos lundi avec les organisations syndicales et patronales trois mois et demi de discussions sur la réforme. Un exercice avant tout symbolique, puisque l'ancien ministre de Jacques Chirac n'a rien dévoilé des fondements du futur projet de loi.
Jean-Paul Delevoye a précisé que les discussions avec "les secteurs professionnels impactés" se poursuivraient jusqu'au début de l'année prochaine.
Il a livré le bilan des consultations citoyennes et des échanges avec les partenaires sociaux, un résumé sans surprise sur une demande de "solidarité" et d'"équité", d'un régime unique par points fusionnant les 42 régimes existants afin "qu'un euro cotisé donne les mêmes droits".
Les modalités d'application de la réforme, sur lesquelles le gouvernement se réserve des marges de négociation, suscitent des "opinions plus diverses", a-t-il noté.
Des "positions contrastées" qu'il a également soulignées dans les rangs syndicaux tout en prenant acte d'"une large convergence sur les évolutions en matière de reversion, de droits familiaux".
Jean-Paul Delevoye a relevé une demande de "garantie de la valeur du point" après l'entrée en vigueur du système, avec "l'inscription dans la loi du principe que la valeur ne pourra pas baisser". Une autre piste pour la feuille de route du gouvernement.
"TOUT ÇA POUR ÇA"
Les syndicats ont regretté dans leur ensemble un rendez-vous sans conséquence, alors que l'exécutif est critiqué, dans les rangs mêmes de la majorité, pour sa méthode.
"Nous avons répété notre opposition à cette réforme. (...) Demain ce sera une journée puissante", a déclaré Michel Beaugas (FO) à l'issue de la réunion.
"J'ai envie de résumer l'après-midi par: 'Tout ça pour ça', encore un exercice de communication raté de la part du gouvernement", a réagi pour sa part Catherine Perret (CGT).
Pour Frédéric Sève (CFDT), "avoir cette rencontre, faire ce retour avec Jean Paul Delevoye, c'est se dire tout de même 'que d'occasions ont été manquées, que de temps a été perdu'".
"Est-ce qu'on reste sur une réforme dite systémique (...) ou est-ce qu'on part sur quelque chose qui s'apparente beaucoup plus à des mesures budgétaires?", a-t-il ajouté.
Après des scènes de chaos lundi à Paris et en Ile-de-France, le trafic des trains et métros restera extrêmement perturbé en France mardi, et le secteur aérien sera aussi affecté avec l'annulation de 25% des vols intérieurs d'Air France (PA:AIRF).
"J'espère que le gouvernement (...) ne reproduira pas les erreurs de ses prédécesseurs en restant droit dans ses bottes", a dit sur RTL (DE:RRTL) Laurent Brun, secrétaire général de la CGT-cheminots, en référence au mouvement social de 1995 qui avait contraint le Premier ministre Alain Juppé à renoncer à une réforme des régimes spéciaux de retraite.
L'exécutif reste ferme sur le principe d'un système universel par points, que refusent la CGT et FO, fers de lance de la contestation, mais est prêt à des aménagements sur les modalités de transition vers le régime unique, notamment pour les régimes spéciaux, et les mesures d'économie.
(Sophie Louet et Henri-Pierre André avec Caroline Pailliez, édité par Jean-Stéphane Brosse)