OSWIECIM, Pologne (Reuters) - Angela Merkel s'est rendue vendredi au mémorial d'Auschwitz où elle a dit ressentir une "honte profonde".
Vêtue de noir, la chancelière, qui effectuait sa première visite à ce titre, a assuré que les crimes commis dans ce camp d'extermination du sud de la Pologne feraient à jamais partie de l'histoire allemande.
"Ce site nous oblige à garder la mémoire. Nous devons nous souvenir des crimes qui ont été commis ici et les nommer clairement (...) Je ressens une honte profonde face aux crimes barbares commis ici par des Allemands", a-t-elle déclaré aux côtés du Premier ministre polonais, Mateusz Morawiecki.
Au nom du gouvernement fédéral et des 16 Länder, la chancelière a fait un don de 60 millions d'euros pour contribuer à la conservation du site où 1,1 million de personnes, essentiellement des Juifs, ont été tuées.
"Nous sommes confrontés aujourd'hui à un racisme inquiétant, à une intolérance croissante et à une vague de crimes haineux", a-t-elle poursuivi. "Nous assistons à une remise en cause des valeurs fondamentales de la démocratie et à un dangereux révisionnisme instrumentalisé aux dépens de certaines communautés".
"Nous sommes particulièrement attentifs à l'antisémitisme, qui menace les Juifs en Allemagne, dans l'Union européenne et au-delà. Auschwitz était un camp d'extermination allemand, géré par des Allemands. Il est important pour moi d'insister sur ce fait. Il est important de nommer clairement les coupables - ce sont nous, les Allemands. Nous le devons aux victimes et à nous-mêmes", a-t-elle ajouté.
La visite de Merkel coïncidait avec le dixième anniversaire de la fondation Auschwitz.
Le camp d'Auschwitz a été construit et utilisé par les nazis après l'invasion de la Pologne en 1939. Le pays abritait alors la plus grande communauté juive d'Europe, avec 3,2 millions de personnes. Plus de trois millions d'entre elles ont été exterminées par les nazis, ce qui représente la moitié du bilan de la Shoah.
(Wojciech Zurawski et Andreas Rinke, version française Jean Terzian et Jean-Philippe Lefiefn édité par Simon Carraud)