MARSEILLE (Reuters) - Six mois de prison avec sursis, 15.000 euros d'amende et un an d'inéligibilité ont été requis lundi à l'encontre de l'ex-responsable socialiste des Bouches-du-Rhône Jean-Noël Guérini, jugé pour "détournement de fonds publics" dans une affaire de licenciement présumé frauduleux.
Le jugement a été mis en délibéré au 8 décembre.
Le président du conseil général, réélu sénateur fin septembre, est soupçonné d'avoir "arrangé" en 2011 le licenciement de Jean-David Ciot, ancien membre de son cabinet, élu depuis député PS d'Aix-en-Provence et actuel responsable de la fédération socialiste des Bouches-du-Rhône.
La même peine a été requise à l'encontre du député socialiste poursuivi pour des faits de "recel".
L'objectif du licenciement aurait été de permettre à ce dernier de percevoir des indemnités de départ pour mieux préparer les élections législatives de 2012, lors desquelles il a affronté l'actuelle maire UMP d'Aix-en-Provence, Maryse Joissains.
Le procureur Jean-Luc Blachon a demandé aux juges de se "garder de tout angélisme", évoquant un "départ monnayé" qui est "frappé de faux motifs".
La défense de Jean-Noël Guérini a plaidé la relaxe de son client, arguant de l'absence "d'éléments intentionnels" dans ce dossier.
"J'ai le sens des deniers publics. A aucun moment je n'ai pensé violer la loi, je n'ai causé le moindre préjudice à quiconque", a déclaré à l'audience le principal intéressé, qui voit un règlement de comptes politique dans la lettre de dénonciation anonyme à l'origine de la procédure.
"Il fallait faire disparaître de la scène politique locale Jean-Noël Guérini qui gênait. Je n'étais pas un citoyen ordinaire", a-t-il dit.
Ce procès ne devrait pas contrarier à court terme les desseins politiques de Jean-Noël Guérini qui pourra participer au scrutin cantonal du printemps 2015 en faisant appel d'une éventuelle condamnation.
Celui qui préside depuis 1998 le conseil général du département est en position de force pour cette nouvelle échéance électorale après avoir créé la surprise lors des élections sénatoriales, le 28 septembre. L'ancien homme fort du PS local, qu'il a quitté en avril dernier avant d'en être exclu, a obtenu trois sièges sous la bannière de son mouvement "La Force du 13", à égalité avec l'UMP, et loin devant le Front national et le PS qui ont obtenu chacun un siège.
Jean-Noël Guérini reste toutefois mis en examen, notamment pour association de malfaiteurs, dans deux autres affaires de malversations présumées sur des marchés publics de la région marseillaise.
(Jean-François Rosnoblet, édité par Yves Clarisse)