SAINT-NAZAIRE (Reuters) - Partisans et opposants à la livraison de porte-hélicoptères Mistral à la Russie ont manifesté dimanche à Saint-Nazaire (Loire-Atlantique) au pied du premier des deux navires, fustigeant tous l'indécision de François Hollande.
L'Elysée a annoncé mercredi la suspension de la livraison du premier navire qui devait être livré en novembre sur fond de crise en Ukraine.
Mais le chef de l'Etat a précisé le lendemain que le contrat n'était ni rompu, ni suspendu, et que la livraison dépendrait de l'évolution de la situation en Ukraine.
Une centaine de manifestants se sont postés à l'avant du Bâtiment de projection et de commandement (BPC) à l'appel de "Mistral Gagnons", et d'un "comité citoyen pour la défense de l'emploi à Saint-Nazaire", lancé par les trois élus Front National.
Les seconds, aussi nombreux, se sont regroupés au niveau de l'arrière du bateau construit par les chantiers navals STX. Tous font partie de "No Mistrals for Putin ", un collectif qui avait déjà manifesté à plusieurs reprises depuis début juin contre la livraison de ces "navires d'invasion" à Vladimir Poutine.
D'un côté comme de l'autre, les manifestants se sont accordés pour fustiger l'indécision de François Hollande, qui n'a pas totalement fermé la porte à une livraison des porte-hélicoptères.
"François Hollande est un président girouette, discrédité et ridicule aussi bien sur la scène internationale que dans sa vie privée", a lancé Jean-Claude Blanchard, conseiller municipal FN à Saint-Nazaire.
"A partir du moment où on a signé avec la Russie, on va au bout de ses engagements", abonde Gérard, 42 ans, soudeur dans la navale nazairienne, qui s'exprime devant des drapeaux français et russes flottant au vent côte-à-côte.
L'homme dit aussi redouter les conséquences sociales d'une annulation pure et simple de la construction du deuxième BPC.
Environ 300 salariés des ex-chantiers de l'Atlantique pourraient en effet être mis au chômage technique, selon les syndicats de l'entreprise, la construction du paquebot à suivre dans le carnet de commandes n'étant pas suffisamment avancée pour les occuper.
Au même moment, au niveau de l'arrière du Vladivostok, les opposants à la livraison des BPC chantent l'hymne ukrainien. Ils scandent aussi des slogans comme "Poutine assassin", en réclamant la revente des deux navires à un pays plus "respectueux des droits de l'Homme" que la Russie.
Ils demandent aussi l'annulation des nouveaux essais en mer du premier BPC, prévus mercredi prochain pour une dizaine de jours, redoutant "un risque d'évasion".
Ils invoquent pour cela le précédent des "vedettes de Cherbourg", détournées par Israël dans la nuit de Noël 1969 en dépit de l'embargo international frappant le pays après la Guerre des Six jours.
"Je n'ai pas confiance dans la parole de François Hollande : c'est un homme qui ne s'engage jamais, on se sait jamais ce qu'il veut", s'agace Bernard Grua, le chef d'entreprise nantais qui a pris la tête de la campagne "No Mistrals for Putin" sur les réseaux sociaux.
(Guillaume Frouin, édité par Gérard Bon)