LONDRES (Reuters) - Les grandes puissances économiques affichent un retard plus important chaque année dans la réalisation des taux de réduction des émissions de gaz carbonique nécessaires pour empêcher les températures d'augmenter de plus de deux degrés au XXIe siècle, montre un rapport publié lundi.
Le sixième rapport annuel "Low Carbon Economy Index" de la société de services aux entreprises PwC fait le point sur les progrès des principaux pays en matière de réduction de leur "intensité carbone", c'est-à-dire de leurs émissions par unité de produit intérieur brut.
"Le fossé entre ce que nous réalisons et ce que nous devons faire s'élargit d'année en année", déclare Jonathan Grant de PwC. Selon lui, les gouvernements sont de plus en plus déconnectés de la réalité quand ils cherchent à se conformer à l'objectif des deux degrés.
"Les engagements actuels nous font partir pour trois degrés", souligne ce spécialiste.
Près de 200 pays ont décidé lors des négociations climatiques sous l'égide des Nations unies de limiter la hausse des températures mondiales à moins de deux degrés Celsius (3,6 degrés Fahrenheit) par rapport à ce qu'elles étaient à l'époque pré-industrielle, dans le but de limiter vagues de chaleur, inondations, tempêtes et hausse du niveau des mers dues au changement climatique. Les températures ont déjà monté de 0,85 degré Celsius environ.
Pour parvenir à cet objectif de deux degrés, les émissions de CO2 devront être réduites de 6,2% par an, indique le rapport paru lundi, à comparer au rythme annuel de 1,2% constaté entre 2012 et 2013.
PwC met toutefois en avant un motif de satisfaction : pour la première fois depuis six ans, des pays émergents comme la Chine, l'Inde ou le Mexique, très importants émetteurs, ont réduit leurs émissions de carbone à un rythme plus rapide que les pays industrialisés (Etats-Unis, Japon, pays de l'Union européenne)
Pour la deuxième année consécutive, l'Australie, gros producteur de charbon qui affiche un des taux d'émissions par habitant les plus élevé au monde, affiche le taux de "décarbonisation" le plus élevé. Le pays a réduit ses émissions de 7,2% en 2013.
Le Royaume-Uni, l'Italie et la Chine affichent des taux de décarbonisation compris entre 4 et 5%. Cinq pays ont au contraire accru leur intensité carbone : la France, les Etats-Unis, l'Inde, l'Allemagne et le Brésil.
Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon espère rassembler plus de cent chefs d'Etat et de gouvernement le 23 septembre à New York pour relancer la conclusion d'un accord mondial sur le climat.
(Ben Garside; Danielle Rouquié pour le service français)