VIENNE (Reuters) - Les signataires européens de l'accord sur le programme nucléaire iranien ont invité vendredi Téhéran à en respecter les termes, sans recourir au mécanisme de résolution des conflits qui pourrait ouvrir la voie au rétablissement des sanctions de l'Onu, voire tuer l'accord lui-même, a-t-on appris de sources diplomatiques.
La réunion de la Commission conjointe des parties prenantes de l'accord s'est déroulée dans un climat tendu.
Les Etats-Unis ont dénoncé l'accord de Vienne en mai 2018, ce qui a ouvert la voie au rétablissement puis à l'alourdissement des sanctions américaines. Un an plus tard, l'Iran a décidé de s'en affranchir progressivement.
Les signataires européens (E3) ont promis de tout faire pour le sauver, notamment en compensant les sanctions, mais Téhéran juge leurs initiatives insuffisantes.
Jeudi, Grande-Bretagne, France, et Allemagne ont estimé que le programme balistique de la République islamique n'était pas conforme à la résolution de l'Onu entérinant l'accord de 2015, mais ont renoncé à recourir au mécanisme de résolution des conflits.
"La bonne nouvelle, c'est qu'il (l'accord) est toujours en vie", s'est félicité un diplomate européen, laissant entendre que l'optimisme n'était pas de mise.
A Vienne, on estime qu'il n'y a pas de décision à attendre avant que l'Iran n'annonce en janvier la prochaine étape de son retrait graduel.
"Je ne pense pas que la ligne rouge des Européens ait été franchie, mais les violations répétées et le fait que nous arrivions maintenant sur le terrain de la prolifération (nucléaire) font que leur crédibilité est en jeu", a souligné un autre diplomate occidental.
"Les signataires européens devraient savoir que le temps est compté pour eux. Ils essaient de faire en sorte que l'Iran reste partie prenante de l'accord mais ils ne prennent aucune mesure contre les manœuvres d'intimidation et les pressions américaines", a déploré un membre de la délégation iranienne.
(John Irish et François Murphy avec Parisa Hafezi, version française Jean-Philippe Lefief)