Le Français Pascal Lamy, qui a passé 8 ans à la tête de l'OMC (Organisation mondiale du commerce), va passer le témoin au Brésilien Roberto Azevedo, le 1er septembre, et prendre du recul dans ses terres en Normandie, avant d'éventuelles nouvelles fonctions politiques en France.
"Je vais prendre le temps de réfléchir; le 1er septembre, je serai chez moi en Normandie", a-t-il déclaré cette semaine à la radio suisse romande, qui l'interrogeait sur ses projets.
Il a cependant précisé, dans une interview à La Tribune de Genève, qu'il n'avait "pas l'intention de prendre une retraite complète". Interrogé sur une éventuelle entrée dans le gouvernement français, il a répondu n'avoir "jamais refusé de servir (s)on pays, mais à 66 ans, (il a) passé l'âge de la chasse aux maroquins ministériels".
Jusqu'au bout de son mandat, Pascal Lamy aura été un éternel voyageur. Vendredi 30 août, son dernier jour de travail officiel, Pascal Lamy était en Autriche, à Salzbourg, achevant une visite de 2 jours.
Durant ses 8 années -- soit deux mandats de 4 ans -- à la tête de l'OMC, Pascal Lamy a énormément voyagé, visitant sans relâche les décideurs mondiaux, pour tenter de les convaincre de conclure les négociations de Doha sur la libéralisation du commerce mondial.
Il a reconnu lui-même faire 450.000 km en moyenne par an, soit 10 fois le tour du monde, ce qui nécessite une "bonne capacité physique" selon ses dires, acquise notamment grâce à sa pratique régulièrement de la course à pied.
Concernant son bilan à la tête de l'organisation, Pascal Lamy a fait valoir que l'OMC s'était renforcée sous sa direction car elle participe à présent aux réunions du G20.
Le commerce mondial a doublé depuis 8 ans, et l'organisation, véritable gendarme du commerce mondial, n'a cessé d'élargir le cercle de ses Etats membres.
Au 31 septembre 2013, l'OMC comptait 159 Etats membres, soit 11 de plus qu'en 8 ans. Parmi les nouveaux arrivants figure la Russie, entrée en 2012.
La principale tâche de l'OMC est de régler les différents commerciaux entre Etats membres, et depuis quelques années, le nombre de conflits n'a cessé de progresser.
Les plaintes s'accumulent dans les bureaux de l'OMC à Genève, et leur traitement peut prendre des années, à l'instar du conflit UE/USA sur les subventions à Airbus et Boeing, qui est un long serpent de mer.
Depuis 2005, 132 plaintes ont été déposées à l'OMC.
En 8 ans, le commerce mondial s'est également rééquilibré avec la montée en puissance des pays en développement, qui représentent désormais la moitié des échanges mondiaux.
Signe des temps, quelque 9 candidats se sont présentés pour succèder à M. Lamy, la quasi totalité venant des pays en développement.
A la suite d'un processus long et compliqué de sélection, c'est finalement un Brésilien, Roberto Azevedo, qui a décroché la palme.
M. Azevedo est l'ambassadeur du Brésil auprès de l'OMC et à ce titre connaît très bien l'organisation.
Il a déjà choisi sa future équipe, en nommant de nouveaux directeurs généraux adjoints qui prendront leurs fonctions le 1er octobre. Pour la première fois, un poste de directeur général adjoint sera occupé par un Chinois.
Joint par l'AFP, M. Azevedo a déclaré qu'il serait à Saint-Pétersbourg (Russie) la semaine prochaine pour le G20, et qu'il rencontrerait peut-être les médias à cette occasion.
Il présentera en tout état de cause son programme d'action le 9 septembre à Genève, devant le Conseil général, l'organe exécutif de l'OMC, qui réunit tous les ambassadeurs des Etats membres.
Roberto Azevedo n'a cependant pas caché un "certain pessimisme" concernant la relance du cycle des négociations de Doha.
"Les négociations n'avancent pas avec la rapidité que nous espérions. Nous sommes dans un moment délicat", a-t-il dit lors d'une conférence de presse à Brasilia, peu après sa désignation comme futur directeur général de l'OMC.
Son premier défi sera la 9ème conférence ministérielle de l'OMC, prévue à Bali (Indonésie) en décembre prochain.
Il a déjà indiqué qu'il chercherait à parvenir à un "minimum raisonnable" de résultats à cette occasion.
Le cycle de négociations sur la libéralisation du commerce, lancé à Doha (Qatar) en 2001, est en panne. Il n'a pas débouché sur des accords importants d'ouverture des marchés prévoyant la suppression de barrières douanières, des subventions et des taxes excessives pour aider au développement des pays les plus pauvres.
M. Azevedo va devoir surmonter les divergences sur ces questions entre la Chine, l'Union européenne, les Etats Unis et l'Inde.