PARIS (Reuters) - L'enquête sur les attentats de Paris a enregistré dimanche des progrès avec le placement en garde à vue de sept personnes de l'entourage d'un des kamikazes et la découverte d'une voiture contenant des armes utilisée par l'un des commandos.
Parallèlement, les autorités belges ont procédé dans un quartier de Bruxelles connu pour abriter des islamistes radicaux à cinq arrestations de participants présumés à l'attaque qui a fait au moins 129 morts vendredi à Paris et Saint-Denis.
Le caractère européen de l'enquête, qui a des connections dans d'autres pays, a incité le ministre de l'Intérieur, Bernard Cazeneuve, à demander une réunion des ministres de la Justice et de l'Intérieur de l'UE vendredi prochain à Bruxelles.
"Nous avons vu avec quelle rapidité l'enquête évolue", a déclaré dimanche la ministre de la Justice, Christiane Taubira, après avoir rendu visite aux magistrats qui en sont chargés.
Sept personnes de l'entourage familial d'Ismaël Omar Mostefaï, 29 ans, un des assaillants présumés du Bataclan, ont été placées en garde à vue afin de procéder à des vérifications, a-t-on appris de sources judiciaire et policière.
Il s'agit d'un des kamikazes identifiés post mortem sur le site de la salle de concert parisienne, où 89 personnes ont été tuées selon un bilan toujours provisoire.
Le procureur de Paris François Molins avait précisé samedi soir que cette personne, née à Courcouronnes dans l'Essonne, connue de la justice pour des délits de droit commun mais jamais incarcérée, avait été formellement identifiée.
Il a fait l'objet d'une fiche "S" en 2010 pour radicalisation mais n'a jamais été impliqué dans des filières djihadistes, avait précisé le procureur de Paris.
COOPÉRATION FRANCO-BELGE
De source proche de l'enquête, on apprend qu'une voiture de marque Seat utilisée par l'un des commandos a été retrouvée à Montreuil, dans la banlieue proche de Paris.
Selon une source judiciaire, trois armes à feu de type Kalachnikov ont été trouvées dans le véhicule.
Un Français résidant en Belgique a été interpellé dès samedi en compagnie de deux autres personnes à Molenbeek, une des 19 communes de Bruxelles, et le parquet fédéral belge a annoncé avoir ouvert une enquête antiterroriste. Deux autres personnes ont aussi été interpellées, a dit la maire de Molenbeek.
L'enquête a été confiée à un juge d'instruction bruxellois antiterroriste dans la mesure où deux Belges ont été tués dans les attentats, précise un communiqué du parquet fédéral belge.
Les trois individus arrêtés samedi ne sont pas connus des services de renseignements français, avait dit François Molins.
Les arrestations ont eu lieu à Molenbeek, un quartier pauvre de Bruxelles déjà lié à plusieurs attaques en France.
Amedy Coulibaly, qui avait tué une policière et quatre personnes dans un supermarché juif de Paris en janvier dernier, avait acheté des armes dans ce quartier, tout comme Ayoub El Khazzani, l'homme qui avait ouvert le feu en août dernier dans le Thalys reliant Bruxelles à Paris.
Mehdi Nemmouche, le ressortissant français auteur présumé de la fusillade qui a fait quatre morts en mai 2014 au Musée juif de Bruxelles, a aussi vécu à Molenbeek, d'où sont issus de nombreux djihadistes combattant en Syrie ou en Irak.
"UNION SACRÉE"
La Belgique est le pays d'Europe qui, proportionnellement à sa population compte le plus de combattants dans cette région.
D'autres pays sont également impliqués dans l'enquête.
Le titulaire du passeport syrien découvert près du corps d'un des auteurs des attentats près du Stade de France est entré le 7 octobre en Serbie où il a demandé l'asile, a fait savoir dimanche le ministère serbe de l'Intérieur. Les autorités grecques ont aussi annoncé qu'il était passé par la Grèce.
A Paris, le travail d'identification des victimes se poursuit et 103 corps l'ont déjà été, a dit Manuel Valls.
François Hollande, qui a promis une réponse "impitoyable" aux attentats à la fois à l'extérieur et à l'intérieur des frontières, a quant à lui entamé dimanche des consultations politiques avant son discours de lundi devant le Congrès réunissant députés et sénateurs à Versailles.
"Dans une guerre, ce qui est essentiel c'est l'union sacrée", a déclaré dimanche le Premier ministre Manuel Valls.
Le premier reçu a été l'ancien président Nicolas Sarkozy, qui a plaidé pour un rapprochement avec la Russie et des sanctions accrues en France à sa sortie.
Face à "cet état de guerre", il a plaidé pour "une inflexion de notre politique étrangère, des décisions au plan européen et des modifications drastiques de notre politique de sécurité".
(Service France, édité par Yves Clarisse)