Des déclarations du président de la Commission européenne Jean-Claude Juncker expliquant qu'il préférerait voir des "visages familiers" au pouvoir en Grèce ont provoqué la réprobation de l'opposition en Grèce et beaucoup d'ironie sur les réseaux sociaux.
"Qu'ils ne se bercent pas d'illusions les cercles conservateurs en Europe, qui tendent la main ces derniers jours à la Grèce et à la démocratie (...) car les Grecs n'ont pas peur et ne sont pas pris en otage", a déclaré samedi après-midi Alexis Tsipras, chef de la gauche Syriza, à l'occasion d'un meeting du principal parti d'opposition en Crète (sud).
Quelques heures auparavant, Panos Skourletis, porte-parole du Syriza avait qualifié "de provocation pour le pays" les propos du président de la Commission à la radio municipale d'Athènes 98.4
M. Skourletis a jugé que Jean-Claude Junker s'était "ingéré de façon grossière" dans le débat politique grec, alors que se profile la possibilité de législatives anticipées début 2015.
"Juncker vote pour Samaras", titrait samedi, le quotidien Avghi, proche du Syriza.
Sur son compte twitter vendredi, l'eurodéputé Syriza George Katrougalos avait demandé la "démission" de Jean-Claude Juncker en raison de ses propos, l'accusant de "faire le préfet en Grèce".
Invité jeudi soir d'une émission sur la télévision publique autrichienne ORF III, M. Juncker avait déclaré qu'il "n'aimerait pas que des forces extrêmes arrivent au pouvoir" en Grèce.
Interrogé sur Syriza, Jean-Claude Juncker a indiqué ne pas vouloir s'exprimer sur un parti politique en particulier.
"J'aimerais que la Grèce soit gouvernée par des gens qui aient un regard et un cœur pour les pauvres gens en Grèce --et ces pauvres gens sont nombreux--, mais aussi qui comprennent la nécessité des processus européens".
"Ma préférence serait de revoir des visages familiers en janvier", a-t-il ajouté.
Sur le réseau social twitter, le hashtag #GreeksAskJuncker était encore le plus utilisée samedi matin en Grèce pour tourner en dérision les propos du président de la Commission européenne.
"Dans la pizza, je mets d'abord le jambon et après le poivron ou d'abord le poivron et après le jambon ?", demandait un internaute à l'ancien Premier ministre luxembourgeois.
"Nous avons des élections de parents d'élèves à l'école demain, une suggestion ?", interrogeait un autre.
Le Premier ministre conservateur grec Antonis Samaras a décidé d'avancer, de deux mois l'élection du président de la République par les députés, dont le premier tour est prévu mercredi.
En cas d'échec à trouver une majorité parlementaire pour ce scrutin, des législatives seront organisées qui pourraient aboutir à une arrivée au pouvoir de Syriza, favori dans les sondages.
Le commissaire européen en charge des Affaires économiques, Pierre Moscovicia sera à Athènes lundi et mardi pour assurer les Grecs du "soutien" de l'Europe et de la nécessité de poursuivre les réformes, a-t-il annoncé sur son compte twitter jeudi.