HONG KONG (Reuters) - La direction de l'aéroport de Hong Kong a annulé tous les vols prévus lundi après-midi en raison de la présence de quelque 5.000 manifestants antigouvernementaux sur le site pour la quatrième journée consécutive.
Cette décision marque une nouvelle escalade dans la dégradation de la situation dans le territoire, secoué par une crise politique majeure depuis le printemps.
Simultanément, le bureau chinois des Affaires de Hong Kong et Macao à Pékin a haussé le ton, estimant lundi que la crise avait atteint un "stade critique" et employant pour la première fois le terme de "terrorisme".
"Les manifestants de Hong Kong ont fréquemment utilisé des outils extrêmement dangereux pour attaquer la police ces derniers jours, ce qui constitue des crimes graves avec émergence des germes du terrorisme", a déclaré le porte-parole du Bureau, Yang Guang, sur l'antenne de la télévision publique CCTV.
"Tous ceux qui se préoccupent de l'avenir de Hong Kong doivent se manifester fermement et refuser tous ces comportements violents, dire non à tous ces individus violents", a-t-il ajouté.
Plusieurs juristes hongkongais estiment que l'emploi du terme de "terrorisme" pour décrire les actes de certains manifestants pourrait présager d'un recours aux lois et prérogatives antiterroristes.
D'après le quotidien Global Times, des unités de la Police armée du peuple, une force de police à statut militaire, se sont par ailleurs rassemblées à Shenzhen, ville voisine de Hong Kong, pour des manoeuvres.
"Nous ne sommes pas des émeutiers" et "Libérez Hong Kong !", scandaient les manifestants, jeunes pour la plupart, présents pour la quatrième journée consécutive dans l'aéroport où ils distribuaient aux voyageurs des tracts expliquant la contestation et énumérant leurs revendications.
Hong Kong est l'un des aéroports les plus fréquentés de la planète. Première plateforme mondiale pour le fret aérien, il se classe au huitième rang mondial pour le trafic passagers, selon les données de l'Airports Council International (ACI).
Seuls les vols pour lesquels les procédures d'enregistrement ont été achevées ont eu l'autorisation de décoller lundi après-midi. De même, les avions qui étaient déjà en vol vers Hong Kong ont pu atterrir.
La direction de l'aéroport de Hong Kong a indiqué qu'elle pensait à ce stade autoriser la reprise du trafic aérien mardi à partir de 06h00 du matin.
Selon la compagnie chinoise de données sur l'aviation VariFlight, quelque 190 vols ont été affectés.
Le mouvement de contestation, né en avril du rejet d'un projet de loi qui aurait permis l'extradition de suspects vers la Chine continentale, s'est élargi depuis le mois de juin à des revendications plus larges, dont la démission de Carrie Lam et la protection des libertés et de l'autonomie dont jouit Hong Kong depuis sa rétrocession à la Chine en 1997.
Nombre de Hongkongais estiment que ce régime particulier, résumé par la formule "un pays, deux systèmes", est aujourd'hui menacé par le gouvernement central chinois.
"Hong Kong, c'est le Hong Kong de la Chine, et les affaires de Hong Kong sont purement des affaires intérieures chinoises", a rappelé lundi la porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères, Hua Chunying.
(Greg Torode, Vimvam Tong et Felix Tam; Henri-Pierre André pour le service français)