par Samia Nakhoul
TEHERAN (Reuters) - Le président iranien Hassan Rohani a remporté un vote de confiance clair et ses alliés réformistes ont décroché l'intégralité des 30 sièges parlementaires en jeu dans la capitale iranienne, Téhéran, lors des élections législatives de vendredi, qui pourraient accélérer la reprise des relations internationales après la levée des sanctions, montrent les premiers résultats.
Plusieurs dizaines de millions d'Iraniens se sont rendus aux urnes vendredi pour un double scrutin qui doit désigner les 290 députés du Parlement et les 88 membres de l'Assemblée des experts, l'instance religieuse chargée de désigner le Guide suprême.
Il s'agissait du premier grand rendez-vous électoral depuis l'accord conclu en juillet sur le programme nucléaire iranien, qui a ouvert la voie à la levée des sanctions internationales.
Hassan Rohani a estimé samedi que les électeurs avaient renforcé la crédibilité et la marge de manoeuvre de son gouvernement.
"La compétition est terminée. Il est temps d'ouvrir un nouveau chapitre du développement économique de l'Iran, fondé sur ses capacités intérieures et les opportunités internationales", a dit le président selon l'agence officielle Irna.
"Le peuple a une nouvelle fois montré son pouvoir et donné plus de crédibilité et de force à son gouvernement élu."
Hassan Rohani et l'ancien président Akbar Hashemi Rafsandjani, son allié, sont en tête des résultats de l'élection de l'Assemblée des experts après le dépouillement de la majorité des bulletins et ils semblent assurés d'obtenir un siège, selon les premiers résultats publiés samedi.
Ces résultats ont initialement été présentés comme définitifs mais un communiqué a précisé par la suite qu'ils n'étaient que partiels et que le décompte final serait publié ultérieurement.
UN RÉFORMISTE EN TÊTE À TÉHÉRAN
Le réformiste Mohammed Reza Aref, ancien ministre et ex-candidat à la présidence, formé à l'université américaine de Stanford, était tête de liste du camp réformiste dans la capitale, où plus de 1.000 candidats briguaient les 30 sièges de députés à attribuer.
Modérés et réformistes, qui ont défendu l'accord international sur le nucléaire, paraissent donc en mesure d'enregistrer une progression appréciable au Majlis, le Parlement, au détriment du camp conservateur opposé à la détente des relations avec l'Occident et réputé proche du Guide suprême de la Révolution, l'ayatollah Ali Khamenei.
Des résultats préliminaires des élections parlementaires publiés par les agences Fars et Mehr accordent également une avance aux réformistes et aux candidats indépendants qui leurs sont liés face aux conservateurs dans plusieurs grandes villes.
Pour tenter d'éviter la déroute des conservateurs, le Conseil des gardiens, conservateur, s'est employé avant le scrutin à rejeter les candidatures de nombreux réformistes et modérés, dont celle d'Hassan Khomeini, petit fils de l'ayatollah Ruhollah Khomeini, fondateur de la république islamique.
Malgré cela, selon le décompte partiel à Téhéran, 13 des candidats les mieux placés pour décrocher l'un des sièges de la capitale au sein de l'Assemblée des experts figuraient sur la liste conduite par Rohani et Rafsandjani, même si certains d'entre eux étaient des candidats de consensus soutenus y compris par des conservateurs.
"LE TEMPS DE L'UNITÉ EST ARRIVÉ", DIT RAFSANDJANI
Même dans le cas où, à l'échelon national, les réformistes ne remportaient pas la majorité au Parlement, détenue depuis 2004 par le camp conservateur, les observateurs leur promettent une position renforcée.
Saïd Leylaz, analyste politique et économiste qui fut conseiller du président Mohammed Khatami, a estimé que les premiers résultats dépassaient les attentes les plus optimistes des réformistes.
"Il semble que les candidats appartenant aux groupes réformistes et indépendants seront majoritaires au Parlement, et j'espère que le nouveau Parlement sera parfait pour nous", a-t-il dit à Reuters.
"Pour l'Assemblée des experts, notre estimation initiale allait de 15% à 20% mais il semble que ce sera davantage."
Rafsandjani, âgé de 81 ans, a prôné l'union nationale après une campagne qui a divisé le pays.
"La compétition est terminée et le temps de l'unité et de la coopération est arrivé", a-t-il dit selon des propos rapportés par Irna. "La période qui suit les élections est une période de labeur pour construire le pays."
Les résultats publiés pour Téhéran ne sont sans doute pas représentatifs des résultats nationaux, le pays étant divisé entre des zones rurales, où les conservateurs sont bien implantés, et des centres urbains plus favorables aux réformistes; il faudra donc sans doute plusieurs jours pour que le nouveau paysage politique iranien se dessine clairement.
Ces élections sont les premières depuis l'accord d'encadrement du programme nucléaire iranien signé le 14 juillet dernier avec les grandes puissances en échange d'une levée des sanctions qui ont paralysé économiquement le pays ces dix dernières années.
Un porte-parole du ministère de l'Intérieur a indiqué que plus de 33 millions d'électeurs s'étaient rendus aux urnes, ce qui équivaudrait à une participation d'environ 60%, mais cette évaluation pourrait être encore relevée.
(Avec Bozorgmehr Sharafedin, Babak Dehghanpisheh et Sam Wilkin; Danielle Rouquié et Nicolas Delame pour le service français, édité par Marc Angrand)