par Benjamin Mallet
PARIS (Reuters) - Les actionnaires d'EDF ont approuvé vendredi à 94% la nomination comme administrateur du groupe de Jean-Bernard Lévy, actuel PDG de Thales, qui doit succéder dans les prochains jours à Henri Proglio à la tête de l'électricien public.
L'assemblée générale des actionnaires d'EDF, dont l'Etat français détient 84,5% du capital, a également approuvé à environ 95% l'entrée au conseil de Philippe Varin, l'ex-président de PSA Peugeot Citroën, ainsi que de l'ancienne présidente du Medef Laurence Parisot.
Jean-Bernard Lévy s'est brièvement adressé aux actionnaires en se décrivant comme un "familier à la fois des arcanes du secteur public et du devoir du service public", mais aussi "des obligations des entreprises qui sont inscrites dans la compétition mondiale", mais sans détailler sa feuille de route.
"Je pense pouvoir apporter à EDF mon expérience industrielle, ma connaissance des technologies, en particulier du numérique (...) et une expérience de manager et d'animation d'équipes", a-t-il dit.
Henri Proglio a précisé que le conseil d'administration d'EDF proposerait dimanche son prochain PDG, François Hollande devant ensuite officialiser sa nomination par décret après des auditions parlementaires de Jean-Bernard Lévy prévues mardi.
L'Etat a par ailleurs choisi Philippe Varin pour prendre la présidence d'Areva à l'occasion du changement de la gouvernance du groupe d'énergie nucléaire.
L'ancien patron de PSA a déclaré vendredi aux actionnaires d'EDF qu'il apporterait au groupe, en tant qu'administrateur, son expérience en matière de compétitivité et sa connaissance de l'Asie, en particulier de la Chine.
"Je vais tout faire pour qu'avec Jean-Bernard (Lévy) et l'équipe de direction, nous mettions en oeuvre toutes les complémentarités entre les deux sociétés et que nous valorisions les atouts de la technologie française, et au premier rang de ces atouts l'EPR", a-t-il dit.
LES "PETITES DIFFICULTÉS" DE L'EPR
"Ayant été ingénieur pendant bien des années, je sais que quand on ouvre une nouvelle page de l'histoire, ça ne se fait pas sans petites difficultés", a ajouté Philippe Varin, trois jours après l'annonce d'un nouveau retard dans la construction du réacteur nucléaire EPR de Flamanville, dont le démarrage a été reporté d'un an à 2017.
Henri Proglio a de son côté défendu son bilan, soulignant qu'il laissait à son successeur "une entreprise publique rentable qui par ses bénéfices et les dividendes distribués est l'un des premiers contributeurs du pays", avec 7,6 milliards d'euros d'impôt sur les sociétés payés et près de 11 milliards de dividendes distribués aux actionnaires en cinq ans.
Il a toutefois regretté une valorisation boursière d'EDF parfois trop basse en fustigeant "l'injustice des marchés focalisés sur le court terme".
Souhaitant "bonne chance" à son successeur, Henri Proglio a également rappelé qu'il aurait souhaité rester en poste "car un mandat de cinq ans, c'est court".
Les présidents des commissions des affaires économiques de l'Assemblée nationale et du Sénat, François Brottes et Jean-Claude Lenoir, ont rappelé dans un communiqué que la désignation du PDG d'EDF était soumise à l'accord de leurs instances et qu'il ne s'agissait pas d'une "simple formalité".
"On ne peut déplorer à longueur de temps le peu de cas fait des droits du Parlement, tout en s'asseyant sur ceux qui lui sont clairement reconnus", ont-ils écrit.
(Edité par Dominique Rodriguez)