par Raya Jalabi et Parisa Hafezi
BAGDAD/ANKARA (Reuters) - Un puissant séisme d'une magnitude de 7,3 a fait 348 morts et 6.600 blessés en Iran, selon un bilan encore provisoire communiqué par la télévision publique, tandis que six décès étaient signalés en Irak.
Le bilan devrait encore s'alourdir une fois que les secouristes auront atteint les zones touchées plus isolées.
Le séisme a été ressenti dans 14 provinces iraniennes, mais c'est celle de Kermanshah, située le long de la frontière avec l'Irak, qui a été la plus touchée. Un deuil de trois jours y a été décrété.
Plus de deux cents morts ont été recensés dans le seul comté de Sarpol-e-Zahab, situé à une quinzaine de kilomètres de la frontière avec l'Irak. Le principal hôpital de cette localité a été gravement endommagé et n'a pas été en mesure de traiter les centaines de blessés qui y ont été admis, a dit Pirhossein Koulivand, chargé des services d'urgence du pays.
Le séisme a provoqué des glissements de terrain qui gênent le travail des équipes de secours. Le guide suprême de la Révolution iranienne, l'ayatollah Ali Khamenei, a adressé lundi ses condoléances aux familles des victimes.
L'institut américain de veille géologique (USGS) a évoqué une magnitude de 7,3 tandis qu'un responsable des services météorologiques irakiens a dit que la secousse avait été mesurée à 6,5.
Ce dernier a ajouté que l'épicentre du séisme avait été localisé à Penjwin, dans la province de Souleimanieh, au Kurdistan irakien, tout près de la frontière iranienne.
Selon des responsables sanitaires kurdes d'Irak, six personnes ont été tuées et au moins 68 autres blessées dans le district le plus touché, Darbandikham, près de la frontière avec l'Iran, où au moins dix habitations se sont effondrées et où le principal hôpital a subi de gros dégâts.
CRAINTES DE RÉPLIQUES
La secousse a été ressentie jusqu'à Bagdad, où nombre d'habitants se sont précipités hors de leurs maisons. Des scènes similaires se sont produites à Erbil, capitale du Kurdistan irakien autonome, et dans d'autres villes du nord de l'Irak, près de l'épicentre.
L'électricité a été coupée dans plusieurs villes iraniennes et irakiennes. Les craintes de répliques ont précipité des milliers de personnes des deux pays dans les rues et dans les parcs malgré le froid.
Le centre sismologique iranien a enregistré 153 répliques et dit en attendre d'autres. Selon le Croissant rouge iranien, plus de 70.000 de personnes ont besoin d'un abri.
Le ministre iranien de l'Intérieur, Abdolreza Rahmani Fazli, a fait état de routes bloquées et dit qu'il s'inquiétait du sort des villages isolés. Les forces armées iraniennes ont été déployées pour prêter main forte aux services d'urgence.
L'Iran est à cheval sur d'importantes lignes de faille et subit souvent des secousses. Le 26 décembre 2003, un séisme de magnitude 6,6 avait frappé la ville de Bam, à 1.000 kilomètres au sud-est de Téhéran, tuant quelque 31.000 personnes.
En Irak, les dégâts les plus importants ont été constatés à Darbandikhan, ville située à 75 kilomètres de Sulaimaniyah au Kurdistan autonome. Plus de 30 personnes y ont été blessées, selon le ministre kurde de la Santé Rekawt Hama Rachid.
"La situation sur place est très critique", a-t-il dit.
Le principal hôpital du district est très endommagé et est privé d'électricité, a poursuivi le ministre, précisant que de ce fait les blessés sont emmenés à Sulaimaniyah pour être soignés. A Halabja, des responsables locaux ont dit qu'un garçon de 12 ans avait été tué par un choc électrique à la suite de la chute d'un câble provoqué par le tremblement de terre.
Les habitants de Diyarbakir, dans le sud-est de la Turquie, ont dit eux aussi avoir ressenti une forte secousse, mais aucune victime n'y a été signalée dans l'immédiat.
Le président du Croissant rouge turc, Kerem Kinik, a dit à la chaîne NTV que les équipes du Croissant rouge d'Erbil s'apprêtaient à se rendre sur le lieu du tremblement de terre. L'Agence nationale turque de gestion des catastrophes naturelles (AFAD) et les équipes de secours médicales nationales (UMKE) se préparent également à se rendre en Irak.
Des médias israéliens ont signalé que le séisme avait été ressenti dans nombre de parties d'Israël.
(Avec la contribution d'Ahmed Rachid à Bagdad, de Tuvan Gumrukcu et d'Iram Koca à Ankara et du bureau de Dubaï; Jean-Stéphane Brosse, Benoît Van Overstraeten, Eric Faye et Jean-Philippe Lefief pour le service français)