PARIS (Reuters) - Alain Juppé a nié dimanche souhaiter la constitution d'une liste commune avec La République en Marche aux élections européennes de mai 2019, soulignant qu'on n'en était "pas là" quelles que soient ses marques de sympathie envers Emmanuel Macron.
Le maire (Les Républicains) de Bordeaux a adressé vendredi un satisfecit au chef de l'Etat, lors d'une rencontre avec la presse diplomatique, louant notamment son discours sur l'Europe du 26 septembre, auquel il aurait "peu de choses à changer".
L'ancien Premier ministre aurait confié à cette occasion à Sud Ouest son souhait de voir se constituer un "grand mouvement central" pour les élections européennes. "La question est de savoir qui en prendra le leadership. Mais si Macron reste dans la ligne de son discours à la Sorbonne, je ne vois pas d’incompatibilité", aurait-il dit selon le quotidien régional. Des propos relayés dimanche par Le Figaro, notamment.
"Liste commune avec E.Macron aux européennes ? On n'en est pas là, quoi que me prête Le Figaro. Fausse nouvelle, une fois de plus !", a écrit Alain Juppé dimanche après-midi sur son compte Twitter, une réponse qui toutefois ne ferme pas la porte à une telle perspective.
Les "Constructifs" pro-Macron ont salué l'idée d'une coalition pour le scrutin européen par la voix du député Thierry Solère, président du groupe des "Constructifs" à l'Assemblée nationale.
"Nous travaillons aujourd’hui activement à la création d'une formation politique qui pourrait rassembler tous les Européens qui se revendiquent de droite. Bien sûr nous en discutons avec Alain Juppé", a-t-il déclaré dimanche sur BFM TV.
"Il y a à fabriquer une offre politique de droite pro-européenne", a-t-il ajouté.
Pour Laurent Wauquiez, qu'Alain Juppé a étrillé vendredi en fustigeant notamment son "discours anti-élites", "cette proposition est une erreur parce que nous ne partageons pas la même vision de l'Europe qu'Emmanuel Macron."
"RÉTRÉCIR"
"Emmanuel Macron propose que l'Europe s'élargisse aux pays des Balkans. Je pense que c'est une profonde erreur parce que l'élargissement a tué l'Europe. Il y a trop de pays au sein de l'Union européenne, un élargissement supplémentaire serait fatal", a-t-il dit dimanche sur France 3.
"Je veux convaincre toute ma famille politique qu'il y a une autre vision de l'Europe qu'on peut poser face à Emmanuel Macron", a-t-il ajouté, se posant de nouveau comme l'homme du "rassemblement" à un mois de l'élection à la présidence des Républicains. "Mon souhait, c'est qu'évidemment Alain Juppé soit avec nous parce que c'est une référence chez nous."
La présidente LR d'Ile-de-France Valérie Pécresse, qui a soutenu Alain Juppé lors de la primaire d'investiture présidentielle à droite, a exprimé elle aussi ses réserves sur les intentions prêtées au maire de Bordeaux.
"Des pro-Européens, il y en a toujours eu à gauche et à droite. François Mitterrand était pro-Européen, je n'ai jamais voté pour une liste socialiste" aux européennes, a-t-elle dit au "Grand Rendez-vous" CNews-Europe 1-Les Echos.
"Pour moi, Emmanuel Macron n'est pas un objet politique identifié, c'est un descendant de Dominique Strauss-Kahn en ligne directe, c'est un blairiste, un social-libéral européen", a-t-elle ajouté.
La fondatrice du mouvement "Libres" n'en a pas moins appelé Laurent Wauquiez, favori pour la présidence de LR et héraut de l'aile droitière du parti, à ne pas "rétrécir" la droite.
"Notre droite a toujours rassemblé des éléments conservateurs, gaullistes, libéraux, centristes de droite...", a-t-elle plaidé. "Une droite qui se rétrécit perdra la bataille de la crédibilité, elle perdra aussi les élections, alors qu'une droite qui s'élargit peut prétendre à gouverner le pays".
C'est "la bataille de la crédibilité" qu'il faut gagner, non "la bataille des décibels", a-t-elle lancé à l'intention de Laurent Wauquiez.
(Sophie Louet)