par Julien Ponthus
PARIS (Reuters) - Manuel Valls a placé mercredi la lutte contre les inégalités au coeur de l'action de son gouvernement, rejetant les critiques à gauche qui l'accusent de renier les fondamentaux socialistes avec le projet de loi sur la croissance et l'activité.
"L'égalité reste le combat de ce gouvernement", a déclaré le Premier ministre lors d'un débat organisé par la Fondation Jean-Jaurès sur le thème de l'égalité.
L'irruption de ce thème dans la communication du Premier ministre intervient alors que l'aile gauche du Parti socialiste veut en découdre avec le gouvernement sur la loi préparée par le ministre de l'Economie Emmanuel Macron, y voyant un combat emblématique des différences idéologiques qui opposent les "deux gauches".
"J'entends dire que, depuis 2012, la gauche avec François Hollande aurait renié ces valeurs", a déploré Manuel Valls, rappelant son bilan ainsi que celui de son prédécesseur Jean-Marc Ayrault, notamment le rétablissement du départ à la retraite à 60 ans, le mariage pour tous ou encore la modulation des allocations familiales.
Alors que le gouvernement se prépare à annoncer vendredi un agenda des réformes dont les frondeurs redoutent une orientation libérale, le chef du gouvernement a tenu à rappeler que son action s'inscrivait à gauche.
"De tous les clivages qui ont historiquement opposé la droite à la gauche, il y en a un qui ne s'est jamais estompé, c'est celui du rapport à l'égalité. La différence noble (...) entre la droite et la gauche, elle est d'abord là", a-t-il dit en s'inscrivant dans la lignée historique de la gauche, du Front populaire au gouvernement de Lionel Jospin.
"PRÉ-DISTRIBUTION"
Répondant aux attaques du Front de gauche de Jean-Luc Mélenchon, Manuel Valls a critiqué ceux qui "prétendent que c'est parce que la gauche ne serait pas assez à gauche" qu'elle est inaudible sur le thème de la lutte contre les inégalités.
"Mais alors, comment expliquer que la gauche de la gauche ait tant de mal à s'imposer dans les urnes?", s'est-il interrogé en critiquant "ceux qui pensent qu'être de gauche consiste simplement à rechercher dans les armoires du passé, dans les archives de l'Histoire, les réponses écrites et toutes trouvées aux défis d'aujourd'hui et de demain".
Le Premier ministre entend apporter sa pierre au modèle français de redistribution des richesses en y ajoutant le concept de "pré-distribution" c'est-à-dire la prévention des inégalités via l'Education nationale, avec le plan de son gouvernement contre le décrochage scolaire.
Alors que sa politique est contestée à la fois par les "frondeurs", qui la jugent libérale, et par le patronat, qui dénonce l'accumulation des contraintes, Manuel Valls tente depuis plusieurs jours de ressouder les rangs, en conviant par exemple il y a une semaine à un apéritif les parlementaires qui soutiennent sa politique.
Pour certains analystes, la réunion des fidèles de Manuel Valls et la réappropriation du thème de la lutte contre les inégalités s'inscrivent dans la préparation du congrès du PS de juin 2015, où les "frondeurs" entendent bien faire entendre leur voix.