par Andrei Makhovsky et Aleksandar Vasovic
MINSK/DONETSK (Reuters) - De violents combats se sont poursuivis vendredi dans l'est de l'Ukraine, faisant plusieurs morts dans la population civile, et des discussions de paix prévues à Minsk ont été annulées.
Deux délégués des séparatistes pro-russes se sont rendus dans la capitale biélorusse mais ont annoncé dès leur arrivée que les pourparlers n'auraient pas lieu et qu'ils retournaient à Moscou.
Les discussions devaient réunir les séparatistes, des émissaires de Kiev et de Moscou ainsi que des représentants de l'Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE), mais ni la Russie ni l'Ukraine n'avaient officiellement annoncé leur participation.
Le dirigeant rebelle Denis Pouchiline, qui a accusé le gouvernement ukrainien de "fuir" le dialogue, a ajouté que les forces séparatistes étaient prêtes à poursuivre leur offensive jusqu'aux frontières administratives des régions de Donetsk et Louhansk.
Le cessez-le-feu conclu en septembre dernier à Minsk a été régulièrement violé et les combats ont connu ces derniers jours une intensité jamais vue depuis le début des affrontements en avril dernier.
A Donetsk, bastion des séparatistes, des tirs d'artillerie ont visé la ville et fait au moins six morts.
Un caméraman de Reuters a vu quatre corps près d'un centre culturel touché par un obus, alors que se déroulait une distribution d'aide humanitaire, et un cinquième cadavre dans une voiture également atteinte par les tirs. Un kilomètre plus loin, un obus est tombé sur un trolleybus, faisant un mort.
Les autorités séparatistes, elles, font état de sept morts dans les deux attaques.
Le gouvernement de Kiev accuse les rebelles d'avoir mené ces bombardements pour empêcher la tenue des discussions de Minsk.
Par ailleurs, sept civils ont été tués et dix blessés dans des combats dans les secteurs de Debaltseve et de Vouhlehirsk, des petites villes tenues par les gouvernementaux et cernées par les séparatistes. L'eau et l'électricité ont été coupées dans ces deux localités.
APPEL DE LA FRANCE ET DE LA POLOGNE
L'armée ukrainienne a annoncé que cinq de ses hommes avaient été tués et 23 blessés ces dernières vingt-quatre heures dans les affrontements autour de Debaltseve, un important carrefour ferroviaire, et près de Marioupol, ville stratégique sur le littoral de la mer d'Azov. Elle a décrit la situation comme "difficile".
De violents combats se poursuivent autour de la ville de Vouhlehirsk, où les rebelles attaquent les positions des gouvernementaux, a déclaré à Kiev le porte-parole de l'armée, Andriy Lyssenko.
La France et la Pologne ont demandé vendredi à la Russie de cesser immédiatement de soutenir les séparatistes, a déclaré le président François Hollande à l'issue d'une rencontre avec la Première ministre polonaise, Ewa Kopacz.
Dans une déclaration commune, les deux pays ont appelé à un cessez-le-feu immédiat dans l'est de l'Ukraine.
François Hollande a ajouté que la situation en Ukraine serait abordée lors de son dîner dans la soirée avec la chancelière allemande Angela Merkel.
Les ministres des Affaires étrangères de l'Union européenne ont prorogé jeudi de six mois les sanctions contre des personnalités russes et ukrainiennes sans aller jusqu'à envisager un durcissement des sanctions économiques contre la Russie.
A Moscou, le chef d'état-major des forces armées russes, le général Valeri Guerassimov, et le ministre de la Défense, Sergueï Choigou, ont annoncé que la Russie avait décidé de renforcer son arsenal nucléaire et sa présence militaire dans les zones stratégiques.
Malgré les difficultés économiques dues aux sanctions internationales, à la chute du rouble et des prix du pétrole, le gouvernement russe entend mener à bien un ambitieux programme de près de 300 milliards de dollars en vue de moderniser ses forces d'ici 2020.
L'armée va ainsi recevoir cette année une cinquantaine de nouveaux missiles nucléaires intercontinentaux, a annoncé le général Guerassimov.
(Avec Natalia Zinets à Kiev; Jean-Philippe Lefief et Guy Kerivel pour le service français)