par Nidal al-Mughrabi et Maayan Lubell
GAZA/JERUSALEM (Reuters) - Israéliens et Palestiniens ont prolongé de cinq jours la trêve en vigueur depuis lundi dans la bande de Gaza pour donner davantage de temps à leurs pourparlers indirects au Caire et le calme semblait prévaloir jeudi malgré une nuit de tensions.
Les deux camps se sont mutuellement accusés au cours de la nuit d'avoir enfreint le cessez-le-feu, qui a été prolongé juste avant son expiration mercredi soir.
Selon l'armée israélienne, huit roquettes ont été tirées en direction de l'Etat hébreu, dont l'aviation a riposté en bombardant plusieurs "sites terroristes et de tirs de roquettes" dans l'enclave.
Izzat Rechik, responsable du Hamas, a démenti toute violation de la trêve de la part des Palestiniens et a qualifié les frappes israéliennes de "violation du calme".
Aucune victime n'a été signalée et les hostilités avaient cessé à l'aube.
Un autre responsable du Hamas, de retour à Gaza après avoir participé aux négociations du Caire, qu'il a jugées ardues, a toutefois exprimé un certain optimisme.
"Il y a toujours de bonnes chances de parvenir à un accord", a estimé Khalid al Hayya, soulignant qu'une issue favorable était envisageable si l'Etat hébreu ne "jouait pas avec les mots concernant certaines exigences" des Palestiniens.
"Les médiateurs égyptiens font des efforts importants et nous souhaitons qu'ils l'emportent dans cette bataille de négociations."
Depuis le début, le 8 juillet, de l'opération israélienne "Bordure protectrice" lancée pour mettre fin aux tirs de roquettes en provenance de Gaza, 1.945 Palestiniens ont été tués, dont une majorité de civils, selon les services de secours.
Israël a pour sa part fait état de 67 morts, dont 64 militaires.
Au Caire, les deux camps ne discutent pas directement mais par l'intermédiaire de médiateurs égyptiens.
NOUVELLE PROPOSITION ÉGYPTIENNE
Des négociateurs palestiniens ont déclaré qu'ils retourneraient au Caire samedi soir en vue d'une reprise des discussions dimanche.
Ismaïl Haniyeh, chef du Hamas dans la bande de Gaza, a déclaré mercredi à la chaîne de télévision de son mouvement que la levée du blocus de Gaza et un assouplissement des conditions de déplacement des 1,8 million d'habitants du territoire côtier constituaient des conditions préalables à un "calme permanent".
Israël et l'Egypte, qui contribue au blocus, continuent de limiter l'accès au territoire, de crainte de voir les activistes palestiniens reconstituer leur arsenal.
Selon un responsable palestinien, l'Egypte a soumis aux deux camps une nouvelle proposition pour parvenir à un cessez-le-feu durable.
De sources égyptiennes et palestiniennes, on indique qu'Israël pourrait, sous certaines conditions, autoriser des marchandises à entrer dans la bande de Gaza et assouplir la circulation des personnes et de biens.
Les Palestiniens réclament aussi la création d'un port et la reconstruction de l'aéroport détruit lors des précédents conflits avec Israël. L'Etat hébreu invoque des raisons de sécurité pour s'opposer à ces demandes.
Face au blocage, les deux parties ont accepté de reporter d'un mois les discussions sur ce point, a dit un responsable palestinien.
Aux termes de la proposition égyptienne, Israël devrait accepter une extension de la zone de pêche accordée aux pêcheurs gazaouis en les autorisant à se rendre jusqu'à 10 km du littoral contre 5 km actuellement.
Cette limite sera progressivement portée à "pas moins de" 20 km dans le cadre d'une "coordination entre l'Autorité palestinienne et Israël", a ajouté ce responsable palestinien, faisant ainsi référence à un rôle accru à Gaza pour le président Mahmoud Abbas, basé en Cisjordanie.
Des mesures seraient également prévues pour les agriculteurs palestiniens de Gaza: la zone frontalière d'Israël dans laquelle les Palestiniens ne peuvent s'implanter serait ramenée à 100 mètres, au lieu de 300 mètres actuellement.
(Avec Stephen Kalin et Lin Noueihed au Caire; Danielle Rouquié et Bertrand Boucey pour le service français)