Dans un document remis lundi soir au gendarme boursier américain, 3G Capital a rapporté avoir vendu 25 millions d’actions The Kraft Heinz Company. Une transaction qui ramène autour des sept milliards de dollars, soit 9% du capital, ses parts dans le géant de l’agro-alimentaire.
La firme brésilienne de capital investment, second actionnaire de référence derrière Berkshire Hathaway, a donc réduit une nouvelle fois sa participation dans Kraft Heinz. Il y a un peu plus d’un an, elle s’était déjà délestée de 20 millions de titres.
Entre-temps, la valorisation boursière du numéro 5 mondial de l’alimentation a fondu de moitié : 25 milliards de dollars au moment d’écrire ces lignes. La chute atteint même 80% si l’on s’en réfère au sommet historique du titre observé en février 2017.
Il faut dire que les mauvaises nouvelles se sont enchainées à un rythme soutenu ces derniers mois. Parmi les plus saillantes, l’annonce en début d'année d’une dépréciation de 15 milliards de dollars sur les marques emblématiques Kraft et Oscar Mayer (Hot Dog) du groupe.
L’action a par ailleurs souffert de la réduction de 40% de son dividende, tandis que les investisseurs n'ont certainement pas vu d’un bon œil l’enquête dont fait l’objet la société, portant sur ses pratiques comptables et des délits d’initiés présumés.
Autre source d’inquiétudes entourant la firme spécialisée dans les aliments emballés et prêts à réchauffer, la baisse de ses ventes : 5% à 12,3 milliards au premier semestre.
Tout comme bon nombres d’acteurs du secteur, Kraft Heinz se voit fragilisée par l’émergence de nouveaux modèles de consommation, et ce même aux Etats-Unis, son marché domestique.
La variante biologique et sans sucre ajouté de son célèbre ketchup rencontre certes, un succès. Mais cela reste insuffisant pour la firme résolument ancrée sur des produits hautement transformés.
Des performances inhabituelles
Il est à noter que ces performances boursières négatives sont assez rares dans le chef de Berkshire Hathaway (la holding de Warren Buffet) et de 3G Capital (fondée par le brésilien Jorge Paulo Lemann).On rappellera que ces deux géants du private equity se sont associés pour mener à bien la fusion de Kraft avec Heinz en 2015.Malgré des rumeurs faisant état de tensions grandissantes entre 3G Capital et « l’Oracle (NYSE:ORCL) d’Omaha », ce dernier a indiqué dernièrement sur CNBC que de tels rapports étaient erronés et que Lemann était toujours « un bon ami ».Au cours de ce même entretien, Buffet a reconnu « avoir commis une erreur, celle d’avoir payé trop cher Kraft Foods ».Jorge Paulo Lemann a précisé lundi avoir augmenté sa participation personnelle dans Kraft Heinz d’environ 100 millions de dollars.
Offre de rachat d’obligations
Sur le secondaire, l’annonce de la vente de 25 millions d’actions par 3G Capital a provoqué une légère baisse de l’obligation 3% remboursable en 2026 par Kraft Heinz.
Sous le pair, son cours pointe désormais à 98,6 % du nominal, pour un rendement à l’échéance de 3,23%. Libellée par coupures de 2.000 dollars, l’obligation est jugée de bonne qualité par Standard & Poor’s qui lui attribue un rating « BBB ».
On notera que cette obligation ne fait pas partie des titres concernés par l’offre de rachat lancée la semaine passée par le groupe.
Dans le cadre de la réduction de sa dette, Kraft Heinz entend rembourser de manière anticipée jusqu’à 2,5 milliards d’obligations en circulation. La liste détaillée est disponible sur le site internet de l’entreprise.