La saison des résultats s’ouvre cette semaine. Et ça va faire mal.
Les résultats des entreprises sont généralement attendus avec toujours cette même question derrière la tête : seront-ils conformes aux attentes des optimistes ou des pessimistes ? Cette fois, c’est différent, chacun se sera fait une raison, la crise sanitaire que nous avons vécue à l’échelle mondiale aura, c’est certain, de lourdes répercussions économiques et financières : chute de la croissance (forte chute même), aggravation des déficits publics et résultats en berne dans les entreprises. La semaine passée, Sodexo est la première à être sortie du bois : son chiffre d’affaires trimestriel est en baisse de 30 %. Ambiance…
Un ou deux chocs sanitaires ?
Comme PepsiCo est la seule entreprise du club des vedettes qui publiera ses chiffres ce jour-là (ce sera, sans plus, une première indication sur l’évolution de la consommation aux Etats-Unis), lundi sera une journée de préparation parce que le plus intéressant, ce ne sera pas le bilan du trimestre : sur ce point, tout le monde est d’accord, ça va faire mal. Non, le plus intéressant, ce seront les perspectives pour les mois à venir, sachant que personne ne croit à un début de redressement économique avant la fin de l’année. Il faudra attendre 2021 – au moins - pour que soient pansées – pansées, pas guéries ! - les blessures de ce 2ème trimestre. L’OCDE table sur un commencement de retour à la normale en 2021, mais avec ce constat terrible : 5 ans de croissance seront partis en fumée. Il y a pire encore, l’OCDE a préparé un autre scénario : une deuxième vague épidémique survient à la rentrée, l’activité économique mondiale chute de plus de 7 % et le chômage double ! L’investisseur réaliste doit avoir ces deux scénarios en tête : les experts de l’OCDE ne sont pas des gamins, s’ils envisagent ce second scénario c’est qu’il est du domaine du probable.
Aïe pour les banques !
Mardi sera le grand jour, non parce que c’est le 14 juillet, mais parce que plusieurs grandes banques américaines publieront leurs chiffres – Wells Fargo (NYSE:WFC), JP Morgan et Citigroup (NYSE:C), rien que ça ! On sera fixé tout de suite sur l’ambiance parce que les banques américaines ont pour habitude d’imputer directement leurs résultats et, on le sait, ils seront détestables. Certains parlent des chiffres les plus mauvais depuis la crise financière de 2008. L’investisseur qui voit large doit inscrire ces chiffres dans un contexte macroéconomique qui pourrait être fort agité ce mardi avec le taux d’inflation aux Etats-Unis, le PIB britannique et les perspectives de l’indice ZEW (indice du sentiment et des perspectives économiques) pour la zone euro.
Premiers résultats contrastés
La publication des résultats se poursuivra mercredi avec un nouveau wagon de banques américaines – Morgan Stanley (NYSE:MS), Goldman Sachs (NYSE:GS), Bank of New York. Mais ce sera aussi le premier jour où on verra apparaître les premiers résultats européens, Aéroports de Paris notamment. Les aéroports ont été fermés au 2ème trimestre, ceux de Paris comme les autres, on sait donc à quoi s’attendre, mais, comme dit plus haut, ce qui sera vraiment intéressant, ce sont les perspectives : quand et à quelle allure le trafic aérien reprendra-t-il ? Le malheur des uns faisant le bonheur des autres, c’est avec le sourire qu’on attend les résultats d’EBAY, le n° 1 mondial des ventes aux enchères. Les prévisionnistes tablent sur un chiffre d’affaires trimestriel en hausse de 15 %. Le cours d’EBAY (NASDAQ:EBAY) flirte avec la barre des 60 euros, c’est un plus haut historique. Et c’est aussi + 70 % depuis début 2020.
Le tour du monde
Jeudi, nous ferons le tour du monde. Première étape, la Chine et son taux de croissance. Pour rappel, au 1er trimestre, l’économie chinoise était en décroissance de 6 à 7 %. Si les prévisions de l’OCDE sont exactes, la Chine devrait avoir renoué avec la croissance au 2ème trimestre. Etape suivante, les Etats-Unis, encore toujours aux prises avec la crise sanitaire. On en mesurera ce jeudi l’impact sur les ventes au détail, le moteur de la croissance américaine. Etape suivante, l’Europe avec ce jeudi la réunion de politique monétaire de la Banque centrale européenne et la confirmation ou l’infirmation de ses prévisions pour la zone euro.
Côté entreprises, soyez attentif aux résultats du secteur pharma (Johnson & Johnson), de l’e-commerce (Zalando), des loisirs autorisés pendant la pandémie (Netflix (NASDAQ:NFLX)) et de deux sociétés belges, Barco, dont le cours végète depuis fin mai autour de 22 euros (- 30 % depuis début janvier), et Wereldhave Belgium dont le cours était déjà en baisse avant la pandémie (- 18 % entre le 1er janvier et le 1er mars). Les amateurs d’or (le cours de l’once est à 1.798 dollars, comme en septembre 2011) ne rateront évidemment les résultats trimestriels des mines, à commencer par Barrick Gold.
Sommet européen
Le Sommet européen de ce vendredi (et de samedi) devra trancher : le « paquet » financier de 1.850 milliards d’euros pour sortir de la crise post-pandémique sera-t-il approuvé ? Les pays « frugaux » (Pays-Bas, Autriche, Suède et Danemark) accepteront-ils d’aider les pays du sud, plus touchés par la pandémie ? Nous serons également fixés en cette fin de semaine sur le taux d’inflation dans la zone euro. Ne nous faisons pas d’illusions : ce sera rikiki, sans doute moins de 1 % sur base annuelle.