Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Vous devez sans doute vous demander pourquoi certaines grandes valeurs du CAC 40 connaissent soudainement des trous d’air dignes des penny stocks. Beaucoup ont publié des résultats trimestriels décevants, mais cela n’explique pas tout. Eric Lewin partage avec vous son analyse.
Depuis que je suis l’évolution des marchés financiers, c’est-à-dire depuis 1985, il ne m’est pas arrivé de voir de telles chutes pour des blue chips [grandes sociétés à la capitalisation élevée, ndlr] en une seule journée.
D’ailleurs, la chute de Worldline de 59,2 % du 25 octobre dernier suite à la révision de ses objectifs annuels est la plus forte jamais enregistrée en une seule séance pour une entreprise de l’indice phare…
Et cela devient une habitude, d’autant qu’il y a environ un mois, Alstom (EPA:ALSO) avait abandonné 37 % en une journée suite à l’annonce d’un free cash-flow négatif alors que les analystes l’attendaient positif.
Et je ne parle pas de la chute vertigineuse de 19 % le 27 octobre dernier de Sanofi (EPA:SASY), suite à la révision de ses objectifs annuels 2024 et 2025.
Une forte décollecte en Europe
Les investisseurs, quand ils quittent le navire, le font avec fracas, sans aucun souci de la valorisation. Mais en fait, il faut bien comprendre que derrière ces actions massacrées, le véritable problème est celui de la liquidité ou plutôt de la non-liquidité.
En effet, il y a eu 32 semaines consécutives de retraits dans les fonds actions en Europe, soit une décollecte massive de 50 Mds$. Les gérants sont confrontés à des fuites massives de leurs clients, préférant ainsi investir dans du monétaire et de l’obligataire, deux actifs qui ne cessent de voir leurs encours grossir.
C’est actuellement la mort du TINA, l’acronyme There is no alternative… Car il y a une alternative aux actions : ce sont les obligations, avec des rendements sur du corporate entre 5 % et 6 % parfois, ou le bon vieux monétaire rendu attractif avec les politiques ultra restrictives menées aussi bien en Europe qu’aux Etats-Unis.
Donc face à des poches actions qui se vident, il ne faut pas annoncer de mauvaises nouvelles sous peine d’énormes sanctions. Il faudra donc vivre avec jusqu’à ce que la contrepartie revienne, c’est-à-dire que les gérants actions recollectent massivement pour faire en sorte que l’on n’assiste pas à des chutes de stars du CAC 40 dignes de penny stocks.