Après une année 2017 synonyme de record en matière de nouvelles émissions sur le marché européen de la dette à haut rendement, l’année en cours pourrait s’avérer nettement moins prolifique. C’est ce qui ressort en tout cas des premières statistiques.
A la lecture des premiers chiffres de l’année, les emprunts émis par les entreprises européennes hautement endettées ont en effet fortement reculé.
Selon les données compilées par l’agence Bloomberg, en date du 23 février dernier, les entreprises non-financières notées en catégorie spéculative avaient ainsi émis pour 7,1 milliards d’euros de nouvelles obligations, ce qui représente une chute de 38% sur un an.
Selon Marco Salcoacci, portfolio manager chez Union Investment Privatfonds, dont le département obligataire gère près de deux milliards d’obligations spéculatives, "les nouvelles émissions et les opportunités intéressantes vont probablement se tarir, dans un contexte où émetteurs et banques syndicats adoptent une position d’attente pour voir comment l’appétit pour le risque évolue".
Il faut dire que les rendements moyens des obligations à haut rendement ont atteint 3,40% la semaine passée, un plus haut depuis avril 2017, contre 2,8% il y a trois mois, selon l'indice Bloomberg Barclays (LON:BARC).
En parallèle, le coût des assurances pour se prémunir contre un risque de défaut (Credit Defaut Swap) sur le marché de la dette européenne à haut rendement a lui aussi atteint son plus haut niveau depuis avril, signe que la volatilité déclenchée par la liquidation des actions début février a rattrapé le marché.
Dans ce contexte de marché moins porteur pour les émetteurs spéculatifs, ceux-ci pourraient être tentés de se tourner davantage vers des prêts bancaires, ce qui réduirait le volume d’émission sur le marché obligataire, une tendance que l’on a d’ailleurs déjà pu observer en janvier.
Des émissions en attente, d'autres bouclées
Indépendamment de la situation de marché actuelle, certaines émissions mises en stand-by devront être nécessairement réalisées un jour ou l’autre.
On pense notamment à l'emprunt de plus d’un milliard d’euros que le fonds d'investissement américain KKR (NYSE:KKR) & Co’s doit émettre dans le cadre du financement de son acquisition de Flora Food Group, une marque alimentaire britannique.
Sur le plan des émissions bouclées cette année, l’équipementier automobile hexagonal Faurecia (PA:EPED) a levé la semaine passée 700 millions d’euros d’obligations qu'il s'engage à rembourser dans sept ans. Le groupe, noté « BB+ » chez Standard & Poor’s, a proposé pour cela un intérêt annuel de 2,625%.
Noté « B3 » chez Moody’s, le spécialiste danois de la conception et de la fabrication d’éoliennes Nordex SE est lui venu lever sur le marché primaire 275 millions d’euros remboursables en 2023. Le coupon offert se monte à 6,50%, avec un cours actuel de 99% du nominal.
Citons pour terminer la société d’origine suisse Selecta Group BV, spécialiste des machines à café et des distributeurs automatiques, qui a émis pour 765 millions d’euros d’obligations remboursables en 2024. Affublée d’un rating « B », l’obligation offre un coupon fixe de 5,875%.