À vingt ans, la Banque centrale européenne (BCE) ne ressemble plus à celle qui, le 1er juin 1998, héritait des gènes de la très orthodoxe Bundesbank.
Les crises - financière et de la zone euro - l’ont amenée à changer ses pratiques. Allongement de la maturité des prêts, achats d’obligations sécurisées, guidage des anticipations, pilotage des taux en territoire négatif : les mesures non conventionnelles n’ont pas manqué, avec Jean-Claude Trichet comme avec Mario Draghi. Ce dernier s’impose pourtant comme l’artisan de la vraie rupture, celle de l’assouplissement quantitatif.
Le 1er janvier 2015, ce qui semblait impensable d’un point de vue allemand est advenu, la Banque centrale achetant en grande quantité des titres de la dette publique en zone euro. Elle en possède aujourd’hui 20%, le total de son bilan atteignant quarante points de PIB. Fin 2018, la BCE devrait mettre fin à son programme d’achats d’actifs, après avoir remis la zone euro sur pied. Un bilan somme toute impressionnant pour une institution de seulement vingt ans.