Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
En début de semaine dernière, j’étais quelque peu… circonspect quant à la situation des métaux précieux et du palladium en particulier. Je m’attendais à une baisse et celle-ci a effectivement eu lieu d’où, soit dit en passant, des gains cumulés de plus de 40% pour mes abonnés à SMS Cash Alert via des Put concluants sur l’or et le palladium.
Le cours de l’once de métal fin est repassé sous les 1 500 $, l’argent est revenu sur des niveaux de 17 $ et le « trou » d’air que j’avais anticipé en sortie de canal ascendant sur le palladium a bel et bien eu lieu (cf. le cercle noir sur mon graphique journalier ci-dessous).
En cette mi-novembre, la question est maintenant de savoir si la correction est déjà terminée ou si nous n’en sommes au contraire qu’aux prémices de la baisse…
A en croire Citigroup (NYSE:C) ou JPMorgan (NYSE:JPM), les métaux précieux n’ont pas encore mangé leur pain noir. Les stratégistes de Citigroup ont ainsi abandonné leur vue haussière sur l’or, tandis que leurs homologues de JPMorgan conseillent désormais de retirer leurs billes des positions longues prises sur le métal fin en tant que couvertures (tout en abaissant leur avis de « surpondérer » à « sous-pondérer » sur la relique barbare).
Aidé par l’humeur « risk on » du marché, en particulier avec l’apaisement des tensions commerciales sino-américaines, les rendements obligataires sont pour leur part repartis de l’avant depuis fin octobre un peu partout sur les marchés. Cette remontée des taux longs outre-Atlantique est également visible à travers l’évolution des rendements du TNote américain (les obligations américaines à échéance dix ans) :
La dette américaine et l’or, une corrélation historique
Graphiquement, on notera au passage un grand nombre de confirmations. Après la tenue d’une belle zone de support de moyen terme (cf. le rectangle horizontal bleu clair), la sortie de canal descendant (visible cette fois en pointillés noirs) a donc permis aux rendements de se rapprocher du cap des 2%, d’où une baisse somme toute assez « logique » de l’or.
Rappelons en effet qu’il existe une forte corrélation historique entre les obligations américaines et le cours de l’once de métal fin : quand les contrats américains baissent (c’est-à-dire quand les rendements augmentent, comme c’est le cas actuellement), l’or baisse aussi, et inversement.
Cette similarité des trajectoires s’explique par le fait que la dette américaine et l’or sont tous deux considérés comme des actifs refuges en temps de crise ; et plus le rendement de la dette américaine – des obligations américaines à 10 ans dans le cas présent – remonte, plus il devient mécaniquement intéressant d’y placer son argent… au détriment de la relique barbare qui, elle, ne rapporte rien.
Plus largement, la tendance actuelle à la remontée des taux longs s’applique aussi à l’Europe (le rendement de nos OAT a ainsi renoué avec le cap des 0%). De fait, l’avantage que revêtait un rendement nul de l’or durant l’été (en comparaison d’un Bund s’enfonçant par exemple alors sous les -0,5%) se trouve d’autant plus mis à mal.
Si cette tendance à l’accalmie devait se poursuivre et la remontada de l’obligataire se confirmer d’ici la fin de l’année, à l’image de la configuration dégradée du palladium depuis sa sortie de canal (cf. le mon premier graphique), il est alors probable que la correction de l’or n’en soit qu’à ses débuts…