Les deux évènements marquants de cette semaine sont évidemment les annonces de la part de la Réserve Fédérale Américaine et de la Banque Centrale Européenne. Les marchés ont été optimistes en début de semaine, espérant une prise d’initiative immédiate de la part de la BCE. L’institution européenne semblait aussi avoir le soutien de plusieurs responsables politiques européens après le discours plein d’entrain de Mario Draghi la semaine dernière à Londres. En milieu de semaine, l’optimisme a laissé la place à l’attentisme et à la prudence sur les marchés, avant la conférence de la Fed mercredi soir, puis de la BCE jeudi. Les deux conférences, tant attendues, ont donné lieu à beaucoup de déception sur les marchés. Aujourd’hui, dans un mouvement de correction, le CAC 40 essayait de combler la forte baisse enregistrée hier et retrouvait un niveau de 3 290 points à midi. En effet, l’indice parisien avait dévissé de 2,68% après la conférence de presse du président de la Banque Centrale Européenne : Mario Draghi. La BCE n’a pas donné de nouvelles mesures claires de rachat d’obligations ni de calendrier précis pour de telles mesures. Cependant, la BCE se tient prête à agir et à soutenir les Etats en difficulté s’ils en font la demande. A la mi-journée, le CAC 40 s’adjugeait tout de même un léger gain de 0,14% depuis Lundi. Les autres places européennes qui ont toutes chutées hier semblaient vouloir terminer la semaine sur une note globalement positive. Le DAX de Francfort était juste au-dessus des 6 700 points, terminant tout juste à l’équilibre la semaine, tandis que le FTSE de Londres s’établissait à 5 724,07 points et un gain de 1,63% sur cinq jours.
Du côté de Wall Street, les marchés ont eux aussi été déçus par l’absence de nouvelles initiatives de la part de la Fed mercredi soir. Ben Bernanke, le président de la Fed, n’a pas donné satisfaction aux investisseurs, se refusant toutes avancées sur un possible nouveau quantitative easing. La Fed reste néanmoins prête à agir en cas de mauvaises nouvelles sur les marchés et sur l’économie américaine. Le Dow Jones termine actuellement en baisse de 1,50% depuis le début de la semaine, avant l’ouverture de la séance de vendredi. Le Dow Jones Industrial cotait à la clôture jeudi soir à 12 878,88 points. L’indice à dominante technologique, le Nasdaq, suivait la même tendance avec une perte depuis cinq jours de 1,63% à 2 909,77 points à la clôture hier soir. A noter que les marchés américains seront particulièrement attentifs à la publication du taux de chômage cet après-midi à 14h30.
Les bourses asiatiques, quant à elles, ont terminé la semaine en ordre dispersé. Le Nikkei a laissé échapper 0,13% sur cinq jours pour terminer à 8 555,11 points. Le Hang Seng Index de la bourse de Hong Kong a clôturé la semaine en hausse de 1,89% à 2 650,47 points. Enfin le Shanghai Composite grappillait 0,19% à 2132.80 points. La semaine sur les marchés asiatiques a aussi été impactée par la publication de plusieurs résultats d’entreprises japonaises, plus ou moins bons selon les secteurs. Les chiffres macro-économiques chinois ont une nouvelle fois fait état d’un ralentissement de la croissance économique chinoise, tandis que les derniers chiffres japonais laissaient présager une reprise de l’économie nippone après les terribles évènements de 2011.
Forex :
La semaine a été volatile sur le marché des devises à la suite des décisions respectives de la FED et de la BCE. Mario Draghi, président de la BCE, a déçu les investisseurs car il n’a pas annoncé hier de nouvelles mesures immédiates de relance de l’économie européenne et est resté flou quant aux mesures à adopter. Il a reporté à plus tard des décisions sur lesquelles il était attendu. Il a, une fois de plus, martelé que l'euro était "irréversible" et a répété son engagement à "faire tout ce qui est nécessaire pour préserver l'euro". Sur la question du rachat de la dette souveraine, Mario Draghi a assuré que la BCE était prête à intervenir sur le marché de la dette, face aux taux d'emprunts trop élevés de certains pays de la zone euro tels que l’Italie ou l’Espagne, dont les taux ont encore grimpé par la suite. Le taux à 10 ans espagnol est passé au-dessus de la barre des 7% à 7.07% et le taux italien se maintient au-dessus de la barre des 6% à 6.28%. Ces mesures de rachats de dettes par la BCE seront cependant soumises à strictes conditions : les états devront en pré-requis activer le fonds de stabilité européen financier (FESF). De ce fait, la BCE n’agira que si le fonds d’urgence est activé par les gouvernements de la zone euro. La BCE renvoie ainsi la balle dans le camp des politiciens et des chefs de gouvernement car, à terme, la politique monétaire ne peut remplacer les efforts des pays eux-mêmes dans les domaines économiques et financiers.
Le président de la BCE a en outre souligné que l'octroi d'une licence bancaire au MES, qui lui permettrait de participer aux opérations de financement de la BCE et accroîtrait ainsi sa puissance de frappe sur les marchés, serait contraire aux traités européens. De plus, l’Espagne et l’Italie jugent prématurées de dire si elles vont faire appel au MES.
De plus, Mario Draghi maintient le taux directeur de la BCE à 0.75%. Face au dollar, l’euro perd du terrain, affichant une variation de -0.79% sur la semaine. L’EUR/USD était repassé au-dessus de la barre des 1.23$, atteignant un plus haut à 1.2405$ quelques minutes avant le discours de Mario Draghi avant de dévisser de près de 270 pips en 30 minutes suite au manque de nouvelles décisions de la part de la BCE. L’EUR/USD reprend désormais quelques couleurs en cette fin de semaine.
L’euro s’affaiblit également face au Yen et perd 0.93% sur la semaine.
Par contre, l’EUR/GBP a gagné cette semaine 0.29% et reste orienté à la hausse depuis deux semaines, après avoir touché son plus bas depuis 2012 à 0.7751£. Du coté des Etats Unis, La FED a annoncé qu'elle maintenait son taux directeur entre 0 et 0,25% jusqu'à la fin 2014 et qu'elle prolongeait, comme prévu, son programme d'échange d'obligations. La Réserve fédérale américaine s'est ainsi abstenue d'engager un "QE3", une troisième phase d'assouplissement monétaire et n'a donc pas annoncé de nouvelles mesures de soutien à l'économie américaine. La FED, qui s'est dite néanmoins prête à de nouvelles actions, a estimé que la croissance resterait modeste aux Etats-Unis pendant les prochains trimestres et que les tensions dans l'économie mondiale constituaient un risque important. Du coté des chiffres macroéconomiques les plus attendus par les investisseurs, l’ISM manufacturier s’est contracté à 49.8, alors qu’il était attendu à 50.3. Les demandes d’allocations-chômage sont ressorties meilleures qu’attendues à 365 000 demandes contre 375 000 anticipées. Le cross AUD/USD se maintient dans son trend haussier, et gagne 336 pips sur la semaine, cassant à la hausse le retracement de Fibonacci de 38.20% à 1.04674$. L’Aussie se dirige vers sa résistance à 1.0611$.
Le loonie (USD/CAD) perd encore du terrain, cassant le retracement de Fibonacci support de 61.80% à 0.995$ canadien. La paire affiche cependant une variation nulle sur la semaine.
Enfin, l’USD/JPY passe de 78.165 yens à 78.275 yens, soit une variation négative de 11 pips. Depuis deux semaines, le cross fluctue dans un range stable ayant pour support le retracement de Fibonacci de 76.40% à 77.955 yens.
Matières premières :
En ce qui concerne le pétrole, ce dernier a poursuivi sa tendance baissière entamée la semaine passée, les opérateurs ayant été notamment déçus par l’absence de nouvelles mesures de la part de la Banque Centrale Européenne afin de répondre de façon optimale aux problématiques posées par la crise de la dette en zone euro. Ainsi, dans ce contexte erratique, le renforcement du dollar américain par rapport à la monnaie unique très malmenée ces jours-ci a contribué à rendre beaucoup moins attractifs les achats d’or noir libellés en dollars pour les acheteurs détenteurs d’autres devises. Dans ce contexte, le Future Light Sweet Crude d’échéance Septembre a abandonné cette semaine 2,13% pour se placer à la mi-séance européenne aux encablures des 88 dollars le baril. A Londres, le Brent de la Mer du Nord a beaucoup mieux résisté à la tendance bearish affichée par son confrère américain, le contrat Future à même échéance ayant même réussi à s’adjuger une très légère progression sur l’ensemble de la semaine, engrangeant 0,12% à 106,50 dollars avant l’ouverture aux Etats-Unis. En ce dernier jour de la semaine, nous noterons tout de même une jolie progression de ces deux contrats depuis l’ouverture de la séance asiatique, notamment en raison des rachats à bon compte de la part des opérateurs après la journée relativement agitée d’hier. En outre, vers midi à Paris, le baril de Brent gagnait 75 cents par rapport à son cours de clôture la veille, le WTI quant à lui progressant pour le moment de 1,06 dollar par rapport à jeudi soir.
Du côté des métaux précieux, l’once d’or s’est longtemps stabilisée au-dessus des 1600 dollars consolidant le seuil des 1615 dollars avec un plus haut hebdomadaire à 1627,54 dollars. L’or évoluait autour des 1615 dollars avant les réunions des banques centrales. L’impossibilité de mettre en place un troisième plan d’assouplissement quantitatif a fait chuter le cours de l’once qui a cassé le seuil des 1600 dollars. Cette cassure a provoqué un retour de l’once d’or sur les 1584 dollars. D’un point de vue technique, un franchissement des 1575 dollars serait un signal négatif envoyé aux marchés et signe de tendance baissière. A l’inverse, dans un scénario haussier, le dépassement des 1630 dollars serait à interpréter comme positif. La demande en or physique reste soutenue notamment par les banques centrales d’Inde, de Chine ou encore de Russie qui diversifient leurs actifs de réserves. Ces dernières semaines l’or a été moins recherché en tant qu’actif refuge au détriment du dollar et des obligations d’États néanmoins, la mise en place d’un plan quantitatif et la demande physique des banques centrales seraient des facteurs de hausse pour le métal jaune. Dans ce contexte, une remontée des cours est envisageable avec un objectif pour le quatrième trimestre de l’année autour des 1650/1700 dollars.