Après s’être écroulée la semaine dernière, la devise turque tente un rebond sur le marché des changes, clôturant les trois dernières séances en hausse et portant ses gains hebdomadaires à 17% face à l’euro.
Outre l’appel du chef de l’Etat, exhortant ses concitoyens à convertir or et devises étrangères pour soutenir la livre, la série de mesures prise par la Banque centrale semble avoir été suffisante, pour le moment du moins, pour enrayer le déclin brutal de la monnaie.
Ce lundi, l’institution monétaire, dont le manque d’indépendance à l’égard de l’exécutif inquiète les marchés, a déclaré qu’elle fournirait toutes les mesures nécessaires pour assurer la stabilité financière du pays, à savoir notamment les liquidités dont les banques turques pourraient avoir besoin.
Se voulant rassurante, la Banque centrale a également révisé les taux de réserves obligatoires pour les banques, dans le but d’éviter tout problème de liquidité, et indiqué qu’environ 10 milliards de livres, 6 milliards de dollars et l’équivalent de 3 milliards en or de liquidités seraient fournis au système financier.
En outre, le régulateur bancaire turc a également décidé de limiter la spéculation à l’égard de sa devise, en limitant le montant des transactions de swaps de devises auxquelles les banques pouvaient participer à 25% de leurs fonds propres.
Depuis lors, alors que la livre flirtait pour la première fois avec la barre des huit livres pour un euro, la devise a repris 17%, ramenant sa perte depuis le 1er janvier à 32%.
Retour au calme de courte durée ?
De l’avis des analystes, il en faudra davantage pour retrouver une certaine stabilité sur le marché des changes, et cela passera inévitablement par une hausse des taux directeurs de la Banque centrale turque. Hausse des taux à laquelle Recep Erdogan reste vivement opposé, le chef de l’Etat s’étant auto-proclamé à plusieurs reprises « ennemi des taux d’intérêts » en vue de soutenir la vigueur de son économie.
En outre, les problèmes structurels, illustrés par une inflation galopante de 15%, le déficit des comptes courants et l’endettement des entreprises en devises étrangères, dollar en tête, ne se sont pas envolés.
Dans la foulée du rebond de la devise, les rendements des obligations gouvernementales turques en devise locale ont sensiblement diminué, ramenés autour des 21% à court et moyen terme, contre près de 25% en début de semaine
Notons que l’emprunt turc libellé en euro et remboursable dans deux ans voit lui son rendement annuel ramené à 6,33% (coupure de 50.000 euros, rating « BB+ » chez Standard & Poor’s).