Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Nous pouvons laisser les marchés actions ronronner : ils se sont lovés à proximité des sommets et vont certainement attendre bien au chaud la trêve des confiseurs.
Wall Street a grappillé quelques fractions mercredi, avec des écarts variant entre +0,1% sur le Dow Jones, +0,3% sur le S&P500 et +0,4% sur le Nasdaq. C’est un tout petit pas vers le retracement des records absolus et une succession de séances de cet acabit préparerait idéalement celle des « 4 sorcières » du 20 décembre prochain, laquelle marquera l’achèvement des habillages de bilans de fin d’année.
De ce point de vue, la journée d’hier nous a peut-être offert un avant-goût de ce traditionnel « window dressing », avec une ruée sur une sélection de vedettes des 11 derniers mois. Parmi elles, Applied Materials (NASDAQ:AMAT) (+4,3%), Micron (NASDAQ:MU) (+3,8%), Western Digital (+3,7%), Qualcomm (NASDAQ:QCOM) (+3,4%) ou encore Xilinx (+2,8%). De leur côté, si les GAFAM n’ont pas particulièrement brillé ce mercredi, ils n’ont pas perdu de terrain non plus.
Le point d’orgue de cette journée a été la publication du communiqué de la FED, mais comme Wall Street l’anticipait, celui-ci s’est révélé sans surprise, les membres du comité de politique monétaire de l’institution ayant décidé à l’unanimité de maintenir le taux directeur dans une fourchette comprise entre 1,50 et 1,75%.
La conviction que le loyer de l’argent continuera de reculer ces prochains mois, comme Donald Trump le réclame, est néanmoins tellement bien ancrée que les investisseurs haussent les épaules en lisant que la FED pourrait laisser les taux inchangés en 2020. Ils n’ont pas davantage accordé de crédit aux dernières déclarations de Larry Kudlow, le principal conseiller économique du président américain, selon lequel « la hausse des tarifs douaniers le 15 décembre était toujours sur la table ».
A l’inverse, les investisseurs font clairement le pari que les surtaxes seront écartées par la Maison-Blanche d’ici vendredi. Dans le cas contraire, le président américain ferait il est vrai une croix au feutre extra-large sur la signature d’un accord de « phase I », « phase II », « phase III » etc. d’ici les élections présidentielles de 2020, alors qu’une annonce positive vendredi en début de matinée propulserait Wall Street vers un nouveau « plus haut » à la veille du week-end et viendrait sceller une dixième semaine de progression consécutive.
L’indicateur de volatilité se comporte étrangement
Le seul élément un peu perturbant dans un contexte de planètes potentiellement alignées est en fait le comportement très singulier – et même sans précédent – de la jauge du stress, le fameux « VIX », qui a fait une embardée de +17% lundi alors que le S&P500 qui sert de « sous-jacent » n’a, lui, perdu que 0,35% à la cloche. Il s’agit d’une divergence d’une ampleur jamais observée à ce jour.
Le VIX ne s’était détendu que de -2% le lendemain et de -4,4% (vers 15 points) mercredi soir, ce qui ne retrace donc qu’environ un tiers du coup de tabac de lundi.
Cet accès de panique n’a toujours pas été expliqué au bout de 48 heures, mais il a coïncidé avec une nette réduction des injections de la FED quotidiennes sur le marché interbancaire (REPO) lundi (60Mds$). Problème : comme elle a encore amenuisé les montants le lendemain (42Mds$) sans que le « VIX » ne réagisse négativement, la piste d’une pénurie de liquidité ne tient pas.
Nous continuons d’explorer toutes les hypothèses et celle du « short squeeze » sur des positions vendeuses de volatilité (après la matérialisation d’un excès d’appétit pour le risque) tient toujours la corde. Or, au cas où ce serait la bonne, les marchés seraient confrontés à un « risque de liquidité » d’autant plus déroutant que la FED n’a jamais autant arrosé Wall Street depuis l’automne 2008…