Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Avril s’achève ce lundi 30 avec des températures dignes d’un mois de janvier. Pourtant, ceux qui sont partis à la montagne il y a 15 jours ont pu skier en bermuda.
▶ La météo sur le CAC40 est au beau fixe
Alors que les températures enregistraient un formidable plongeon, le CAC40, lui, a enchaîné 9 séances de hausse sur 10. Le beau fixe règne en Bourse sans partage depuis le 28 mars dernier. Avril fut un mois boursier de rêve. En effet, nous avons assisté à 5 semaines de hausse d’affilée, dont 80% de séances positives. Le tout émaillé de 4 petites consolidations. L’indice parisien a gagné 400 points en ligne droite, à une centaine de points de son record du 23 janvier (5 567 points).
▶ Le dossier « Syrie » n’émeut pas les investisseurs
Dans l’intervalle, les Etats-Unis, le Royaume-Uni et la France ont uni leurs forces pour bombarder de soi-disant installations suspectes de Damas (sur la foi de fausses allégations de bombardement aux munitions chimiques le 7 avril dans la Ghouta). Donald Trump a bien failli s’en aller défier Vladimir Poutine sous la pressions des néo-conservateurs de la Maison-Blanche et du Pentagone. Mais tout s’est terminé par un simulacre de démonstration de force de la Navy. Cette dernière n’a fait que soulever beaucoup de poussière. Les investisseurs sont repassés à l’achat dès le lendemain de cette ridicule affaire.
La principale surprise de cette période post-tensions au Proche-Orient, c’est la rechute de l’EURUSD sur les 1,2060, permettant la reprise des places européennes amorcée fin mars (Gilles vous en dit plus dans son analyse du jour sur l’eurodollar).
▶ Mario Draghi a réconforté les acheteurs de billets verts
Les acheteurs de billets verts ont été confortés jeudi dernier par Mario Draghi qui a, une nouvelle fois, excellé dans l’art de parler sans jamais rien dire qui déplaise au marché. Ce que les commentateurs ont résumé par la tenue un discours « accommodant » destiné à nous faire patienter dans la bonne humeur jusqu’à la prochaine annonce importante.
Une petite phrase m’a cependant intrigué : Mario Draghi a mentionné l’importance de la dette en Europe, sans que personne, parmi les journalistes présents à Francfort, ne l’ait amené sur le terrain des déficits.
Une telle parenthèse signifie qu’il n’est pas pressé d’alourdir leur refinancement, d’autant que la remontée de l’inflation vers la cible des 2% reste très lente. La BCE poursuivra ses rachats d’actifs au rythme actuel de 30 Mds€ par mois jusqu’à septembre « et plus si nécessaire ». Nos OAT en ont profité pour se détendre de 6 points de base en 48 heures.
▶ L’écart se creuse entre le Bund et le T-bond
Et l’un des faits marquants de la dernière semaine du mois d’avril, c’est le creusement du spread entre Bunds et T-Bonds à 240 points, et qui explique la hausse du dollar face à l’euro. Les rendements grimpent, le billet vert en profite. Enfin du classique, les mécanismes du marché tels qu’enseignés aux étudiants de première année de science-éco…
… Mais quelque chose ne fonctionne pas comme dans les manuels. Quand le dollar monte, le cours du pétrole est censé se contracter… mais c’est tout l’inverse qui se produit depuis le 11 avril.
▶ Pétrole : un comportement bizarre
Et cela nous ramène à cette période de vives tensions au Proche-Orient (du 8 au 15 avril) qui ont, logiquement, ravivé la hausse de l’or noir. Les tensions sont retombées depuis 15 jours. Mais pas pour le cours du WTI qui se maintient au-delà des 68$, et le Brent au-dessus de 74$. Les acheteurs savent manifestement quelque chose que les gérants de portefeuilles (actions ou taux fixes) ne s’acharnent pas à découvrir.
C’est curieux de la part de professionnels dont l’inflation pourrait faire basculer le destin.
Ah mais c’est vrai, j’oublie ça tout le temps. Ce sont les banques centrales qui administrent la valeur des actifs… Alors, à force, cela favorise une certaine paresse intellectuelle.