Le marché ne s’attend pas à une agréable surprise lors de la publication du chômage américain cet après-midi. Les estimations sont comprises entre 170 000 et 215 000 créations d’emploi. C’est, dans tous les cas, bien inférieur à la performance de décembre dernier (292 000). Il ne s’agira toutefois pas de la statistique la plus cruciale du rapport sur l’emploi. Pour mieux appréhender l’état de l’économie outre-Atlantique et la stratégie que pourrait adopter la FED dans les prochains mois, il faudra se pencher sur le taux de participation et le salaire horaire moyen. Le taux de participation devrait rester proche de ses points bas sous l’effet de la conjonction de trois facteurs : le vieillissement de la population active, les conséquences encore palpables de la crise financière, et la baisse volontaire de la participation parmi les plus hauts revenus pour la classe d’âge 25-54 ans. En ce qui concerne le salaire horaire moyen, il devrait augmenter de 0,3% ce qui corroborerait les propos tenus il y a quelques mois par Janet Yellen. Toutefois, cette progression reste trop faible, dans un contexte économique national dégradé, pour justifier une hausse des taux lors de la réunion de la FED de mars prochain.
Les derniers faits marquants :
Nouvelle épreuve pour le gouvernement Tsipras en Grèce. Hier, le pays a été confronté à une grève générale contre le projet de réforme des retraites. L’objectif du gouvernement est d’augmenter les contributions sociales afin de limiter la baisse des retraites. Dans ce nouveau cadre, la pension maximale serait limitée à 2500 euros par mois, contre 2700 euros actuellement, et un seuil minimal serait établi à 384 euros. Il est également prévu de fusionner les différents régimes de retraite. Le pays doit absolument faire des économies à hauteur de 1,8 milliard d’euros sur les dépenses de retraite comme le prévoit le plan d’aide sur trois ans signé avec les créanciers. Les contestataires de la réforme pointent le risque de paupérisation des salariés puisqu’une partie de la population pourrait voir ses revenus fondre des 2/3 du fait de la hausse des cotisations et des taxes.
La Banque d’Angleterre a tiré la sonnette d’alarme à propos de l’absence d’inflation. Celle-ci était à zéro en 2015. Trois facteurs expliquent cette situation : la baisse prolongée du prix du baril de pétrole, la force de la livre sterling face aux autres monnaies ce qui signifie une baisse des prix à l’importation et enfin le ralentissement de la hausse des salaires en dépit d’un contexte très favorable sur le marché de l’emploi. Dans ces conditions, une hausse des taux outre-Manche est clairement impossible dans les six prochains mois. La banque centrale devrait opter pour l’attentisme comme le montre le positionnement des membres du comité de politique monétaire. Pour la première fois depuis juillet dernier, ils ont voté à l’unanimité en faveur du maintien des taux inchangés.
Mario Draghi a essayé de rassurer : « Si nous avions besoin d’adopter une politique plus expansionniste, le risque d’effets secondaires ne constituerait pas une barrière à notre action. Nous cherchons toujours à limiter les distorsions causées par notre politique mais ce qui vient en premier est l’objectif de stabilité des prix ». TRADUCTION : la boîte à outils de la BCE est loin d’être vide. La borne des taux zéro, souvent évoquée en politique monétaire, ne se situe certainement pas à zéro mais plus bas, probablement à -1%. Dans ces circonstances, la BCE pourrait baisser son taux de dépôt de 10 points de base en mars prochain avant une nouvelle baisse de même ampleur dans le courant de l’année.
À suivre aujourd’hui :
Chiffre de la balance commerciale française à 8h45.
Actualité essentiellement centrée sur les Etats-Unis avec la publication des NFP. Le consensus s’attend à seulement 190 000 créations d’emploi en janvier contre 292 000 précédemment. Principal point noir : le taux de participation devrait rester proche de ses points bas à 62,6%. A noter également que le revenu réel moyen des ménages outre-Atlantique reste toujours très nettement en-dessous de son niveau d’avant-crise en dépit de la relance du marché de l’emploi. C’est un autre point qui permet de prendre du recul par rapport à l’évolution de l’économie américaine.