Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Une journée des « 3 sorcières » complètement ratée à l’issue d’une échéance mensuelle où les indices ont battu record sur record (une bonne douzaine en 21 séances), c’est clairement le scénario auquel pas grand monde ne s’attendait (du jamais vu depuis le vendredi 18 octobre 2019).
Et on ne parle pas d’une consolidation anodine de -0,5% comme la veille mais bien d’un véritable « faux pas » de -1,1% pour le S&P500 et -1,9% pour le Nasdaq100 (plus lourd repli depuis le 27 janvier dernier) qui perd -1,4% sur la semaine écoulée, alors qu’une 15ème semaine de hausse sur 20 semblait couler de source en début de journée.
Ce gros « raté », c’est peut-être un tournant dont Wall Street ne mesure pas encore l’ensemble des conséquences : Wall Street succombe à un regain d’inquiétude concernant le coronavirus et ses répercussions économiques qui ont été jusqu’à présent mésestimées, voire carrément balayées par comparaison -qui n’est pas raison- avec les épidémies effectivement sans réel impact de SRAS (en 2003) et de H1N1 (en 2009).
Face à la montée en flèche du VIX de +20% en 48H (entre 14,5 et 16,5), les investisseurs se sont reportés assez massivement sur les T-Bonds : le rendement du “10 ans” US s’est enfoncé vers 1,46% et celui du “30 ans” vers 1,905%: ce sont 2 planchers historiques !
Convié à faire part de ses analyses sur la situation actuelle, le conseiller économique de Donald Trump Larry Kudlow reconnait qu’il existe un “mouvement” vers les principaux actifs refuges, certainement inspirés par les incertitudes liées aux développements du coronavirus en Chine… jusque-là, tout le monde sera d’accord.
Mais il martèle que c’est « d’abord un problème chinois et que les Etats-Unis feront leur possible pour aider Pékin ».
Sauf que de nombreux cas sont apparus ces derniers jours en Corée du Nord et que l’inflation épidémique la plus spectaculaire se déroule en ce moment même en Italie, dans la région très industrielle de Milan… et très touristique des Grands Lacs et de Venise.
Une économie américaine résiliente
Questionné à plusieurs reprises sur les risques de ruptures d’approvisionnement en provenance de la Chine, Larry Kudlow affirme que les problèmes de cette nature sont actuellement très limités et devraient le rester.
Il subsiste tout de même une incertitude sur l’ensemble des conséquences des mesures prises en Chine pour contenir l’épidémie mais la bonne nouvelle, c’est que la PBOC prend toutes les mesures nécessaires pour en atténuer l’impact.
Si les livraisons devaient connaître des interruptions, l’économie américaine est en excellente santé et peut compter sur ses propres forces, comme la vigueur du marché immobilier.
Le pouvoir d’achat des américains augmente, ainsi que leur capacité d’épargne tandis que le nombre de personnes de retour au travail progresse régulièrement : ce sont des conditions que les Etats-Unis n’ont pas connues depuis 20 ans.
Jamais avare d’une flatterie à l’attention de Donald Trump, Larry Kudlow explique que la litanie des records de Wall Street témoigne d’un plébiscite de la politique présidentielle.
Tout comme les membres de la FED, il rejette l’idée que la hausse ininterrompue des actions depuis 6 mois et les injections monétaires soient à l’origine d’une bulle boursière.
Il n’existe pas forcément de lien entre la baignoire qui déborde dans la salle de bain de l’appartement situé à l’étage supérieur et l’eau qui dégouline le long du mur du salon !
Il pourrait également s’agir d’une fuite dans le toit de l’immeuble qui inonde tous les appartements !
Mais il s’agit dans tous les cas de la conséquence d’un excès de liquidités… et d’un excès d’inconséquence de Wall Street.