Le coupon semestriel de l’obligation Tesco Plc à échéance novembre 2037 sera détaché en fin de semaine. L’occasion de faire le point sur ce géant britannique de la distribution, confronté à un scandale comptable et qui a lancé plusieurs avertissements sur résultats cette année.
Tesco a reconnu en septembre qu’il avait surestimé ses bénéfices en usant d’une astuce comptable lui permettant de masquer la chute de ses ventes. La parade consistait à enregistrer de manière anticipée certaines recettes liées à des opérations de promotions réalisées pour ses fournisseurs, tout en reportant les frais afférents. Ces « erreurs », qui remontaient à au moins deux ans, ont abouti à une surévaluation des résultats de 263 millions de livres sterling (118 millions pour le premier semestre, 70 pour l’exercice 2013/2014 et 75 pour l’exercice précédent).
L’affaire a entraîné le départ de plusieurs dirigeants et déclenché une enquête du régulateur financier britannique (la FCA). Elle a également incité les agences de rating Fitch et Moody’s à dégrader les notes à long terme du groupe britannique, qui se trouve désormais à un cran de la catégorie « High Yield » (spéculative).
Fin octobre, Moody’s a également placé la note « Baa3 » du distributeur sous surveillance négative après des résultats semestriels faisant état (entre autres) d’une hausse de l’endettement net à 7,5 milliards de livres (7 milliards un an avant). L’agence a exhorté l’entreprise, qui était encore notée « A1 » en 2008, de communiquer sur la façon dont elle envisageait de relever les défis à long terme, dont celui de garder des ratios financiers dignes de la catégorie « Investment grade ». Sur le seul premier semestre, la charge de la dette a représenté l’équivalent de 80% du résultat opérationnel de la période. La compagnie britannique n’est toutefois pas confrontée à un problème de liquidité à court terme relèvent les analyses, mais elle devra faire face à un pic de remboursement de ses emprunts en 2016 et en 2017.
Deux obligations à très longue échéance
Sur le marché secondaire, la dette émise par Tesco (LONDON:TSCO) est chahutée. Pour exemple, l’obligation en dollars d'une maturité égale au 15 novembre 2037 se traitait encore au-dessus de 118% début septembre. Elle est désormais disponible aux alentours des 106% du nominal. Son rendement atteint 5,67% compte tenu d’un coupon de 6,15%. La coupure de négociation s'élève à 100.000 dollars pour une taille d'émission de 1,15 milliard.
En livres sterling cette fois (coupures de 50.000 GBP) et sur une échéance encore un peu plus longue (24 mars 2042), l'obligation au coupon de 4,875% se traite nettement sous le pair à 92% du nominal. Le rendement annuel est porté à 5,44%. Rappelons que dans les deux cas, la devise d’émission implique un risque de change.