Coup de froid pour les obligations Petrobras. La perspective de voir la présidente sortante Dilma Rousseff reconduite à la tête du Brésil incite plus d’un investisseur à la prudence. Et certains préfèrent se défaire de leurs titres.
Les prix des emprunts du groupe pétrolier sont dès lors sous pression sur le marché secondaire. Ils ont perdu en moyenne 2,9% en septembre, contre un repli de 2,3% pour le marché corporate brésilien. Cette baisse est trois fois plus élevée que celle endurée par le marché de la dette des entreprises des pays émergents sur la même période.
Pour ne citer qu’un exemple, l’obligation Petrobras (SA:PETR4) à maturité 27 janvier 2021 et libellée en dollar est désormais disponible à 102% du nominal. Son rendement atteint 5% sur base d’un coupon de 5,375%. La coupure de négociation est de 2.000 dollars pour une taille émise de 5,25 milliards.
Les ventes semblent s’intensifier en parallèle des points gagnés par Dilma Rousseff dans les sondages.
« Il semble de plus en plus clair qu’elle a la main, et certaines personnes voient cela d’un mauvais oeil » explique Jennifer gestionnaire de fonds chez Neuberger Berman Group LLC. « Si Dilma gagne, c’est reparti pour plus ou moins la même chose ces quatre prochaines années ».
Les politiques de dépenses menées par la présidente sortante ont accéléré l’inflation tout en poussant la plus grande économie d’Amérique latine dans sa première récession en cinq ans. Le produit intérieur brut s’est contracté de 0,6% au cours du deuxième trimestre et de 0,2% au cours de trois premiers mois de l’année. Avec ces deux trimestres consécutifs de ralentissement, le Brésil est entré en récession technique.
Dilma Rousseff a bien tenté de contrôler l’inflation en limitant les hausses des prix de l’essence, plombant au passage les comptes des entreprises pétrolières, mais sans succès. L’inflation tend même à s’accélérer. Les prix à la consommation ont progressé de 6,62% en rythme annuel sur base de chiffres arrêtés à la mi-septembre, après avoir déjà gagné 6,49% en août. Cela reste loin de l’objectif de +4,5% du gouvernement.
Malgré ce mauvais bulletin économique, ou encore les récents scandales de corruption et une image ternie par les dépenses astronomiques engagées pour le Mondial 2014, la protégée de l’ancien président Lula a repris le dessus sur Marina Silva, sa rivale écologiste. Elle a mis en avant son programme d’aide sociale, qui a permis de sortir des millions de Brésiliens de la pauvreté, et un taux de chômage historiquement bas de 4,9%.
Dilma Rousseff pourrait être élue dès le premier tour de scrutin, à condition d'obtenir la majorité des suffrages. Si aucun candidat n’obtient plus de 50% des voix le 5 octobre, un second tour aura lieu le 26 octobre.