Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Le programme de campagne présidentielle de Donald Trump comportait une panoplie de mesures protectionnistes destinées à punir les concurrents déloyaux coupables d’avoir privé l’Amérique de ses « bons emplois industriels ».
Donald Trump avait promis de recourir aux taxes et barrières douanières au cas où les conflits commerciaux ne se régleraient pas à l’avantage des Etats-Unis. Comprenez : au cas où les pays exportateurs ne baisseraient pas pavillon dès que le président américain aurait dénoncé les traités, forcément iniques, signés par son prédécesseur.
▶ L’Europe et le Japon dévissent
La Chine est certainement dans le collimateur de la Maison-Blanche. Mais dans les faits, ce sont l’Europe et le Japon qui se sont sentis visés. En effet, la Bourse de Shanghai a perdu 2,2% la semaine dernière. L’EuroStoxx50 affiche -4%, Paris -3,9% et Tokyo -4,4%. Et les champions planétaires des excédents vis-à-vis des Etats-Unis (Hong Kong et la Chine) semblent relativement sereins depuis le 1er janvier. L’indice Hang Seng affiche gaillardement +2,2%, le CSI-300 (l’indice chinois le plus large) reste quasi stable (-0,4%). Nous n’en sommes plus à un paradoxe près.
▶ Les places européennes : trop fragiles ?
Alors revenons aux -4% perdus par les places européennes fin février/début mars. Le dollar n’a pas bougé. Le VIX est quasi inchangé depuis le 15 février. Les taux US plafonnent : qu’est-ce qui a motivé la baisse la semaine dernière ? Les places européennes ne souffriraient-elles pas d’une forme de fragilité qui leur est propre ?
La fragilité et l’instabilité politique européennes inquiéteraient-elles les investisseurs ? Même pas. On aurait pu craindre une secousse sur les marchés (voir article de Gilles) sur l’obligataire italien, sur l’euro… mais non rien de rien.
▶ Législatives italiennes : le pire des scénarios
Le résultat des législatives italiennes incarne pourtant le pire des scénarios puisqu’aucune formation politique ne peut gouverner seule (tout le monde l’anticipait). Et pas davantage en s’alliant avec un ou plusieurs « petits partis ».
Forza Italia et la Ligue du Nord (xénophobes) remportent tout juste 37% des suffrages. Les deux formations sont au coude à coude et pourraient revendiquer de piloter la coalition). Le Mouvement 5 étoiles cumule 31% (sa posture est devenue moins eurosceptique au fil des mois). Quant aux démocrates de Matteo Renzi, ils s’effondrent sous les 20%. Comme aucune des deux formations sorties en tête du scrutin ne souhaite faire alliance avec sa rivale, ni avec celle de l’ex-président du Conseil, c’est le blocage total et probablement des semaines de tractations stériles pour n’aboutir à aucun programme de gouvernement crédible.
▶ Le véritable patron de l’Italie, c’est plus que jamais Mario Draghi !
Et c’est sûrement la raison du repli modéré (-0,8%) de la Bourse de Milan à la reprise des cotations. L’Euro-Stoxx50 préserve ainsi son support majeur des 3 310 points. Cela nous préserve d’un nouveau dérapage incontrôlé des indices vers les planchers de fin août 2017.