La conférence de presse de Donald Trump peut se résumer à un mot : le mur.
Le futur Président a annoncé que le début de la construction d'un mur frontalier avec le Mexique commencerait bientôt – un mur de feuilles de carton, de fil barbelés, de briques, de panneaux en béton de 12 mètres de haut avec miradors tous les 500 mètres, aucune précision n'a été fournie sinon que « Le Mexique paiera ». Dommage, parce que si la solution béton avait été retenue, cela aurait pu donner lieu à un trade somptueux sur le plus gros fournisseur de ciment et de granulats d'Amérique du nord, qui est une firme mexicaine du nom de CEMEX (N°3 mondial).
Le mur sera doublé de barrières douanières imposées aux entreprises US qui envisagent de délocaliser leur production au sud du Rio Grande et qui seraient tentées de la rapatrier bêtement vers les Etats-Unis.
Mais le vrai mur, celui dont chaque investisseur devrait se préoccuper, est celui du silence que Donald Trump a opposé aux questionnements concernant des sujets économiques et géopolitiques majeurs. Il n'a pas prononcé un mot sur les relations économiques avec l'Europe ou l'Asie (hors Chine)… faute peut-être d'avoir été interrogé à ce sujet, pas un mot sur les relations avec les pays d'Amérique du Sud, avec l'Afrique... En fait, Trump semble ignorer jusqu'à l'existence d'un hémisphère Sud.
Le Proche-Orient a également disparu du radar. Nous comprenons juste que Poutine n'est pas susceptible de compliquer le dossier puisque Etats-Unis et Russie devraient ouvrir une ère de coopération et de respect mutuel… à condition que Moscou s'abstienne de multiplier les cyber-attaques. Mais la Chine est clairement dans le collimateur en ce domaine, Trump l'a fermement souligné, ainsi que dans le dumping et la manipulation de sa devise.
Mais les relations mondiales ou bilatérales ne figuraient pas en tête de liste des questions qui brûlaient les lèvres des journalistes. Leur obsession portait sur le hacking du parti démocrate imputé à Poutine, ses turpitudes présumées (sextapes détenues par les services secrets russes) évoquées par un espion britannique, publiées par Buzzfeed et reprises par de nombreux médias que Donald Trump entend blacklister.
Les démentis du Kremlin ne dissipent pas le malaise puisque la CIA charge à fond Vladimir Poutine... et Donald Trump s'interroge sur « pourquoi et comment » le renseignement américain n'a pas démonté les ragots qui circulaient. La tradition des grandes agences consiste d'ordinaire à enterrer les dossiers « boules puantes » et à discréditer quiconque porte atteinte à la dignité de la fonction présidentielle. Les scénaristes de House of Cards n'auraient osé infliger au machiavélique Franck Underwood une telle descente aux enfers, l'obligeant à patauger dans les égouts de la barbouzerie la plus nauséabonde.
Mais remontons vite à la surface, regagnons les étages lambrissés de la Trump Tower où toute la presse était réunie... et tendons l'oreille. Même avec des oreilles d'éléphant, nous n'avons rien entendu qui concernait la fiscalité des entreprises, rien sur un plan de relance, rien sur un projet de transition énergétique.
Mais Donald Trump répond implicitement à toutes nos interrogations : il se revendique déjà comme « le Président qui créera le plus d'emplois que Dieu ait jamais créés ». A partir du moment où Dieu est de la partie, il serait bien impertinent de lui demander comment il compte y parvenir.
Le marché l'a bien compris et lui accorde sa pleine confiance. Avec Trump, il n'y a pas à se faire des nœuds dans la tête. C'est viscéral, on y croit et on paye, ce qui vaut à Wall Street de finir la séance sur des tops. Le VIX se replie de nouveau à 11,3 points.
Et c'est là que, face à une si complète fascination des investisseurs pour le style incantatoire de Donald Trump, une tentation contrarienne nous envahit : renforcer la protection des portefeuilles... Et doubler la mise sur nos BX4 et BXX, des ETF bear qui ne nous ont vraiment pas porté chance début novembre 2016.
Un vrai coup de folie... mais qui est le plus fou depuis le 9 novembre dernier ?