En levant un milliard d’euros supplémentaire début de semaine passée, Auchan a sécurisé le remboursement de sa dette jusqu’en mars 2020. Le fleuron de l’empire Mulliez a toutefois dû mettre le prix pour séduire les investisseurs.
Dans un contexte de mutation pour le secteur de la grande distribution, Auchan est venu, pour la seconde fois déjà cette année, mettre à contribution les obligataires.
Après avoir levé deux milliards d’euros à cinq ans en janvier dernier, l’enseigne proposait cette fois aux investisseurs de souscrire à un emprunt remboursable dans sept ans.
Une nouvelle fois, l’affluence était donc au rendez-vous à la caisse, la demande ayant été trois fois supérieure à l’offre. Pour attirer les investisseurs, la holding aux 51 milliards d’euros de chiffre d’affaires a tout de même dû offrir un rendement qui n’est pas dérisoire par les temps qui courent.
Le rendement annuel à l’émission est ainsi ressorti à 2,375%, correspondant à une prime de 225 points de base en regard des taux du marché considérés comme sans risque.
A titre de comparaison, cette même prime d’émission pour l'emprunt de maturité comparable bouclé il y a deux ans par Auchan s’était soldée par un spread de… 45 points de base.
« Renaissance »
Cette hausse de la prime de risque exigée par les investisseurs traduit les difficultés auxquelles est confronté un secteur de la grande distribution en souffrance.
Entre le changement de comportement des consommateurs, qui ont fait leur retour dans la petite superette du coin ou bio, et la montée en puissance du commerce en ligne, les grands hypermarchés traditionnels se voient contraints de réinventer leur business model.
Début mars, lors de la publication de ses résultats faisant état d’une perte annuelle de 1,1 milliard d’euros, Auchan a présenté dans ce sens son plan pour l’avenir baptisé « Renaissance », qui prévoit une baisse drastique de ses investissements et qui ouvre la porte à des « partenariats d'offre » dans les secteurs non-alimentaires de ses hypermarchés.
Le groupe nordiste prévoit notamment de diviser par deux les investissements d'Auchan Retail, sa filiale de distribution, de quoi générer plusieurs centaines de millions d'économies en 2019, souligne le management.
Notons que des fermetures d’enseignes sur son territoire domestique, où Auchan compte 123 hypermarchés, ne sont pas prévues.
Une trentaine de fermetures sont en revanche au programme en Russie, où Auchan reste confronté à la concurrence des chaines de magasin de proximité locales. En Chine où il détient Sun Art, sa filiale commune avec Alibaba (NYSE:BABA), le groupe entend bel et bien garder le cap, ajoute la direction.
L'objectif est un redressement à court terme du pôle distribution, 'avec des améliorations significatives attendues dès 2019'.
A noter qu’en raison de ces résultats « insuffisants », Auchan Holding ne versera pas de dividende au titre de l'exercice 2018, de quoi soulager la trésorerie du groupe.
Rappelons qu’Auchan Holding chapeaute également la foncière Ceetrus (ex-Immochan) et la banque Oney. Le chiffre d’affaires cumulé de ses deux filiales dépassent toutefois de peu le milliard d’euros, là où l’activité de distribution Auchan Retail, implantée dans 17 pays et revendiquant 2,6 milliards de passagers à la caisse, a généré plus de 50 milliards de revenus l’année passée.