Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Mario Draghi tiendra après-demain son avant-dernière réunion en qualité de président de la BCE, et à quelques semaines du passage de témoin à Christine Lagarde, les attentes des opérateurs sont (trop ?) élevées.
Comme toujours en amont de chacune des réunions de la banque centrale, voir où nous en sommes sur le secteur bancaire n’est pas dénué d’intérêt.
A moyen terme, voilà ce que cela donne sur mon graphique hebdomadaire ci-dessous. On note la présence d’une large figure de consolidation de type triangle symétrique (visible en pointillés noirs). Toutefois, depuis la fin août, un rebond a commencé à se mettre en place depuis la zone basse de cette figure (cf. le cercle noir).
Le secteur bancaire profite en fait des espoirs des opérateurs quant à la mise en place de mesures de soutien de la part de « Super Mario », mais aussi d’un début de remontée des taux longs depuis la fin août.
Or, c’est justement là où le bât blesse. Regardez l’évolution du contrat Bund à 10 ans, l’équivalent allemand de nos OAT :
A mesure que le ralentissement économique dans l’eurozone s’est précisé ces derniers mois (et avec lui les craintes de récession dès l’an prochain), une hausse inéluctable des contrats – pour rappel, les contrats évoluant en sens inverse des rendements – a poussé un certain nombre d’obligations d’Etat en territoire négatif.
La baisse des taux longs faisant tout sauf les affaires des banques, qui font leur « beurre » sur l’écart taux court/taux longs, très défavorable ces derniers mois, on comprend mieux pourquoi le secteur ne suit pas la tendance générale des indices. Au contraire, il évolue à proximité de ses plus bas historiques atteints en pleine crise des subprimes, début 2009.
Et pour cause : structurellement, avec des marges pressurisées en banque d’investissement, une banque de détail/réseau qui doit faire face à la montée inexorable de la banque en ligne (synonyme de moindre coût et de pressions sur les prix pour les acteurs de la banque traditionnelle) et donc l’environnement obligataire actuel, les défis sont nombreux en vue d’un redressement du segment bancaire.
Michael Burry tire la sonnette d’alarme
D’où pourrait alors venir la prochaine secousse ?
Mon confrère Philippe Béchade évoquait hier dans ces colonnes une surgénéralisation des instruments de gestion « passifs » (ETF, trackers). A cet égard, le célèbre financier Michael Burry, qui fit fortune en pariant sur l’effondrement du marché immobilier américain, alors euphorique, avant la crise des subprimes, prévoit purement et simplement l’éclatement d’une nouvelle bulle, celle des ETF.
En cas de retournement, comme dès 2007 avec BNP Paribas (PA:BNPP), qui avait gelé un fonds immobilier (et qui, rétroactivement, se révèlera être l’arbre qui cache la forêt), il faudra prendre garde à la liquidité de ces produits qui, en effet, englobent et répliquent une multitude d’actions. Et si pour les plus grosses capitalisations d’un indice comme le S&P500, le problème ne se pose pas en cas de sortie (étant donné la taille de leur capitalisation, c’est en revanche une autre paire de manches pour les 100 dernières capitalisations de l’indice élargi américain…
Vous vous souvenez peut-être des déboires du fonds H2O, à l’origine d’un plongeon de l’action Natixis (PA:CNAT) à la toute fin du printemps. Eh bien gardez en tête ce risque de liquidité potentiellement limitée en cas de brusque retournement.
D’autant que tous les fonds indiciels et autres trackers/ETF sont émis… par les banques.