Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
Les démêlés de Carlos Ghosn avec la justice japonaise ne feront l’objet d’aucun commentaire de ma part. Pour autant, il est logique de s’interroger sur l’avenir de l’Alliance, cette structure mise en place il y a maintenant plus de quinze ans pour piloter la stratégie du tandem Renault-Nissan.
Autant vous le dire tout de suite, ni Renault (PA:RENA) (FR0000131906-RNO), ni son homologue japonais n’ont intérêt à en changer les fondements. Et pour cause : cette structure, étendue à Mitsubishi depuis sa prise de contrôle en 2016, permet de générer des économies d’échelle absolument considérables (5,7 Mds€ en 2017, sans doute près de 10 Mds€ à horizon 2022). Achat, fabrication, logistique : de nombreux domaines tirent profit de cette structure.
Fatalement, y renoncer ne serait pas sans attenter fortement aux marges du trio, devenu le premier constructeur mondial avec 10,6 millions de voitures vendues.
En revanche, il est vraisemblable que la structure capitalistique évolue, sachant qu’à l’heure actuelle Renault, presque deux fois plus petit que Nissan (T:7201) en Bourse, détient paradoxalement 43,4% du constructeur nippon, qui ne détient pour sa part que 15% du capital de la marque au losange. Cette situation indispose les Japonais, lesquels pourraient finir par obtenir que Renault réduise sa participation.
Soit dit en passant, ces mêmes Japonais qui vocifèrent aujourd’hui oublient un peu vite que lorsque Carlos Ghosn a pris Nissan en main, en 1999, le groupe était au bord du dépôt de bilan avec une dette supérieure à 20 Mds$. Passons.
▶ Il faut relativiser l’attractivité des ratios boursiers
Les actionnaires de Renault, eux, font maintenant le dos rond, alors que l’action évolue près de ses plus bas niveaux depuis trois ans. Quelles que soient les méthodes de valorisation, la valeur demeure néanmoins très attractive. Elle se paie en effet sur un PER de 4 ou encore sur une VE/ROC de 1,5.
Maintenant, en appliquant la somme des parties, en prenant la participation dans Nissan ainsi que les 3 Mds€ de trésorerie et en ajoutant une participation de 1,5% dans Daimler-Benz, vous obtenez pratiquement la capitalisation actuelle, soit 17,8 Mds€… Cela signifie que l’activité de Renault compte pour presque zéro.
Bref, tout concorde pour que le titre reprenne au moins 20%. Reste que nous vivons actuellement un vrai thriller économico-politique aux conséquences encore floues et qui devrait être riche en rebondissements, c’est pourquoi mon optimisme sur la valeur a tendance de plus en plus à ressembler à un attentisme de circonstance…