Dans le cadre d’une bonne gestion d’un portefeuille obligataire, il est sain de diversifier ses positions, ce qui permet en principe de réduire le risque global, tout en maintenant un certain niveau de rendement. Cette diversification peut passer, éventuellement, par des obligations du secteur télécom.
Le secteur télécom regroupe les entreprises qui fournissent des services de... télécommunications à travers des lignes fixes, des réseaux sans fil, des connexions à haut débit ou via la fibre optique.
Il a considérablement évolué ces dernières années, les monopoles (nationaux) détenus par quelques entreprises sur leur réseau fixe ayant laissé place à des acteurs se livrant une concurrence féroce sur fond du développement d’Internet, de l’utilisation croissante des smartphones et autres objets connectés et d’investissement permanent dans les infrastructures.
Convergence fixe et mobile
Ces dépenses en capital ont entraîné un vaste mouvement de consolidation, en Europe notamment, donnant naissance à des grands groupes soucieux de préserver leur chiffre d’affaires et leurs marges. En parallèle certains opérateurs ont aussi multiplié les acquisitions de câblo-opérateurs, soutenus par la logique industrielle suivante : un opérateur télécom peut plus facilement fidéliser un consommateur en lui proposant des offres combinées téléphonie fixe, mobile, Internet et la télévision.
Accès facile au crédit
Ces opérations ont par ailleurs été favorisées par un accès facile au crédit dans un environnement de taux bas, à un point tel que certains groupes affichent désormais des niveaux élevés d’endettement. La remontée des taux d’intérêt pourrait bien les fragiliser, alors que la concurrence élevée dans le secteur rogne les marges.
L’empire construit par Patrick Drahi depuis le début des années 2000 est emblématique à cet égard, puisqu’il joue à plein la convergence entre les télécoms et les médias. Sa holding Altice (AS:ATCA) a multiplié les acquisitions (SFR (PA:SFRGR), Virgin Mobile, Portugal Telecom (LS:PHRA), Suddenlink et Cablevision…) en Israël, aux États-Unis et en France, au prix toutefois d’un endettement élevé. Malgré tout Patrick Drahi ne compte pas s’arrêter en si bon chemin, puisqu’il vise désormais une place de choix sur le marché américain à travers le rachat de Charter, deuxième câblo-opérateur américain, selon CNBC et Reuters. Mais Softbank (T:9984), propriétaire de Sprint, serait lui aussi candidat, ainsi que le géant Verizon (NYSE:VZ). La concurrence s’annonce rude, et le marché obligataire pourrait une nouvelle fois être mis à contribution pour financer ces acquisitions.
AT&T (NYSE:T), Frontier Communications, Verizon…
Verizon, qui vient d’acheter un réseau de fibre optique de haute capacité pour desservir le marché de Chicago, a par exemple placé il y a quelques jours un emprunt d’une maturité égale au 10 août 2033 offrant un coupon de 4,5%. L'obligation peut être achetée à 100,35% du nominal, correspondant à un rendement de 4,47%. La société basée à New York City a particulièrement bien réussi le virage de la révolution mobile, ce qui lui vaut de faire aujourd’hui jeu égal avec son ancienne maison mère, AT&T.
Cette dernière a récemment réalisé la plus importante émission obligataire de l’année, levant un total de 22,5 milliards de dollars, à travers entre autres une tranche échéant le 14/08/2037 et présentant un coupon fixe de 4,9%. L’obligation s’échange à un cours de 100,74% du nominal, correspondant à un rendement de 4,84%.
Enfin, pour ne se limiter qu'à trois exemples, l'obligation de l’opérateur régional américain Frontier Communications échéant le 15 janvier 2023 peut être achetée à 88,77%, soit un rendement de 9,85%. Le titre est noté « B » par Standard & Poor’s, dans la catégorie spéculative.
Ces trois obligations sont disponibles par coupures de 2.000 dollars.