Ford (NYSE:F) Motor Credit, la filiale du géant américain de l’automobile qui a annoncé la suppression de 12.000 postes sur le Vieux Continent, a levé la semaine passée 750 millions d’euros sur le marché primaire.
Comme son nom le laisse deviner, Ford Motor Credit fournit des solutions de financement et de crédit aux concessionnaires et clients de la marque à l’Ovale bleu dans le monde entier.
La filiale du constructeur, qui propose également des services d’assurances, est bien connue des investisseurs obligataires qu’elle sollicite régulièrement. Ce fut le cas en janvier avec plusieurs nouvelles émissions en dollar ou encore en mars avec un emprunt libellé en livre sterling.
La semaine passée, la société basée à Dearborn, une banlieue de la ville de Détroit dans le Michigan, est venue cette fois refinancer sa dette sur le marché européen, au détour d’un emprunt à sept ansqu’elle s’engage à rémunérer par un coupon annuel de 2,38%.
Cette émission senior non-sécurisée, notée « BBB » dans la catégorie des investissements de bonne qualité chez Standard & Poor’s, requiert un investissement de 100.000 euros.
Au-delà de la rémunération relativement attractive par les temps qui courent, l’investisseur pourrait d’autant plus considérer une diversification de son épargne dans cette obligation que Ford Motor Credit a signé l’an dernier le meilleur bénéfice annuel (avant impôts) de ces huit dernières années, peut-on lire sur le site internet de sa maison-mère.
Dans son rapport annuel, il est également indiqué que Ford Motor Credit finançait à la fin de l’année de l’année passée 5.000 concessionnaires des marques Ford et Lincoln.
Refonte mondiale
La bonne tenue des résultats générés par Ford Motor Credit dépend naturellement de celle de sa maison-mère, qui a bouclé son dernier exercice annuel sur des revenus avoisinant les 160 milliards de dollars, pour un bénéfice net de 3,7 milliards.
Dépeint comme l'inventeur de l'automobile moderne, Ford est actuellement en pleine phase de restructuration, dans un secteur qui l’est tout autant et dont l’avenir sera synonyme d'autopartage, de voiture autonome et d'électrification.
Un virage que Jim Hackett, patron de la marque, n’entend pas louper. A l'exception de la Mustang, Ford a annoncé il y a quelques semaines qu’il ne produirait plus de voitures compactes (berlines et citadines) aux Etats-Unis à partir de 2020.
Le constructeur a par ailleurs lancé une cure d'austérité visant de quelques 11 milliards de dollars. Au menu, la suppression de 12.000 postes en Europe (environ 20 % des effectifs sur le continent) où il perd de l'argent depuis près d'une décennie.
L'état-major de Detroit semble manifestement agacé par ces pertes récurrentes mais aussi soucieuse des conséquences à venir du Brexit et du retournement mondial du marché automobile.
Stuart Rowley, le président de Ford Europe, estime que le constructeur est « en bonne voie pour améliorer son résultat financier en Europe ». Il dit vouloir avoir « une activité plus ciblée en Europe, en ligne avec la revue globale de notre groupe qui vise à générer plus de profits en se concentrant sur les besoins de clients avec une structure légère ».
En Europe, Ford entend par ailleurs se concentrer davantage sur la mobilité électrique. Il compte d’ailleurs y proposer une version électrique ou hybride de tous ses modèles.
Huit à deux marques
On rappellera qu’au début de siècle, le géant américain de l’automobile pesait encore près de 11% du marché mondial, une part ramenée à 6,4% l’année passée.
La crise est passée par là en 2008. Le portefeuille du constructeur, qui s’appuyait jusqu’alors sur huit marques dont Aston Martin (LON:AML), Land Rover, Jaguar, Volvo ou Mazda, a été ramené à deux marques.
A savoir la marque éponyme et la déclinaison de luxe Lincoln. Les autres marques ont été soit arrêtées comme Mercury, soit cédées.