L'appétit pour le risque s'est évanoui pendant la séance asiatique avant la publication du rapport sur l'emploi américain. Ce dernier pourrait fournir des indices sur le cycle de croissance des Etats-Unis. L'Asie boursière a marqué un affaiblissement. Le Shanghai Composite et le Hang Seng ont cédé -1.94% et -1.31%. L'ASX a pris 0.23%, le communiqué de politique monétaire de la RBA laissant entrevoir un assouplissement le mois prochain. Le dollar s'est renforcé face aux devises du G10 et matières premières. L'EUR/USD s'est traité dans le range étroit 1.1390-1.1410 sans indication directionnelle. L'AUD/USD s'est effondré de 0.7470 à 0.7385 sur la publication du rapport de la RBA. Au Japon, le PMI des services d'avril est tombé à 48.9, son plus bas niveau en deux ans, contre 49.9 en mars. Les nombreuses interventions de membres de la Fed ont occupé les traders. Selon Robert Kaplan, la Fed cherche à savoir à quel point les Etats-Unis sont proches du plein emploi. Dennis Lockhart a déclaré qu'il n'était pas réaliste de dévier de l'objectif d'inflation de 2%. John Williams s'est dit optimiste sur l'atteinte des 2% d'inflation. Enfin, James Bullard a évité toute référence à la trajectoire des taux et a indiqué que la volatilité induite par le "taper tantrum" l'an dernier était due à une politique monétaire inefficace. Autant de commentaires qui ont fait couler de l'encre, sans rien apporter de nouveau.
Le communiqué de politique monétaire de la RBA a laissé présager un accroissement de l'assouplissement. La banque centrale a revu ses prévisions d'inflation à la baisse de 1 pb pour fin 2016, soit dans le bas de la fourchette cible de 2-3%. D'après nous, un abaissement de 50 bp pourrait intervenir lors des réunions de juin et août, faisant passer le taux sous les 1.75%, niveau déjà historiquement bas, d'ici la fin de l'été. Nous restons baissiers sur l'AUD du fait du risque baissier pesant sur les taux, et concrétiserions notre vue par un short sur l'AUD/JPY (en visant le plus bas de réaction des 77.59).
La séance européenne sera animée par la production industrielle espagnole, le PMI allemand de la construction et la décision sur les taux de la banque centrale de Pologne. Toutefois, l'événement phare du jour est sans conteste le rapport sur l'emploi US. La volatilité devrait rester limitée sur le marché des changes jusqu'à la publication des NFP (créations d'emplois non agricoles). Ces dernières sont attendues en décélération à 200k, contre 215k précédemment. Néanmoins, au vu des chiffres de l'enquête ADP et de l'ISM, nous anticipons un risque baissier conséquent et prévoyons un chiffre plus proche des 180k. Notons cependant qu'une augmentation surprise des NFP se traduirait par une réaction asymétrique du dollar, car les traders devraient réévaluer rapidement la probabilité d'un relèvement des taux en juin. Un taux de participation en recul devrait amener le taux de chômage à 4.8%. Nous craignons que le ralentissement cyclique transparaissant dans les indicateurs économiques et résultant de l'affaiblissement de la conjoncture internationale commence à affecter le marché du travail américain. Nous ne voyons pas de raison fondamentale à une hausse du dollar. Quand la situation s'éclaircira après la publication des NFP, nous pensons que la dynamique haussière de l'EUR/USD s'enclenchera de nouveau pour pousser le cross vers la résistance des 1.1616.