Libellée par coupures de 1.000 euros, l’obligation que doit rembourser dans quatre ans ThyssenKrupp (DE:TKAG), le géant industriel allemand, a débuté la semaine franchement dans le rouge, perdant quatre points pour se traiter désormais à l’achat aux alentours des 91% du nominal.
Notée "BB-" en catégorie spéculative chez Standard & Poor’s, cette obligation voit en conséquence son rendement annuel jusqu’à l’échéance dépasser les 5%.
La cause de ce nouvel accès de volatilité sur le titre : une lettre adressée par le sidérurgiste à ses 160.000 collaborateurs, dont a eu vent le Financial Times et dans laquelle la direction prévient que la crise du Covid-19 impactera ses marges financières.
"En raison de sorties nettes de trésorerie résultant des effets négatifs de la pandémie, les marges de manœuvre financières générées par la vente de la division « ascenseurs » seront bien plus faibles que prévue, avertit la direction.
Après avoir échoué à créer le deuxième plus grand aciériste européen via une coentreprise avec l’indien Tata Steel, le conglomérat sidérurgique à la rentabilité chancelante est pour rappel tombé d’accord fin février avec les fonds d’investissement Cinven et Adven pour le rachat de sa très rentable division d'ascenseurs.
Pour ThyssenKrupp, victime de longue date de la faiblesse des prix de l’acier, sur fonds d’importations chinoises bon marché et de surcapacité du secteur, le produit de la vente (plus de 17 milliards d’euros) doit lui permettre de réduire le poids de sa dette et financer la suite de ses activités, dans le cadre d'un vaste plan de restructuration.
Une ambition qui se voit contrariée par le Covid-19. Evoquant une chute de la demande qui va plomber ses finances, le groupe basé à Essen note que la pandémie a réduit la production dans tous ses secteurs d'activité, le conduisant à fermer de nombreux sites et mettre plus de 30.000 salariés au chômage partiel, un nombre qui devrait encore augmenter dans les prochaines semaines, précise ThyssenKrupp.
Eclaircie au tableau, le conglomérat dont les activités s'étendent de l'acier aux sous-marins en passant par les matériaux de construction, pourrait recevoir près d'un milliard d'euros de prêts garantis par l'État allemand pour faire face à ses difficultés. Diffusée dans le quotidien financier allemand Handelsblatt, l'information n’a pas été confirmée par le sidérurgiste.