Publié à l'origine sur la Bourse au quotidien.fr
La forte remontée de l’euro hier (+0,5%, à 1,1780$) trouvait sa source dans la hausse de 10 points de base en moyenne du rendement des dettes souveraines européennes à la suite des propos de Peter Praet (chef économiste de la BCE) confirmant l’arrêt du Quantitative Easing (QE) de 30 Mds€ par mois d’ici l’automne prochain, ou au plus tard fin 2018.
La belle affaire… 99% des opérateurs anticipaient déjà !
Il fallait cependant bien un prétexte pour « normaliser » les taux longs au Nord de l’Europe après l’arbitrage de fin mai au détriment des BTP italiens…
Le rallye haussier de l’euro (+0,43%, à 1,18$) se poursuit aujourd’hui, exactement pour la même raison « mécanique », à savoir que les Bunds et nos OAT affichent une nouvelle augmentation de 5 points de base supplémentaires (soit +15 points de base en l’espace de 36 heures).
Mais, tout comme hier, si je cerne bien le catalyseur « mécanique », je « sèche » sur la justification fondamentale de la vigueur de la monnaie unique.
La croissance européenne et l’industrie allemande sont à la peine
En effet, on a appris ce matin que le PIB de l’eurozone n’a progressé que de 0,4% en rythme séquentiel au premier trimestre 2018 (deuxième estimation), contre +0,6% lors du précédent. Toujours selon Eurostat, le PIB a ralenti de +2,8 à +2,5% dans la région (et de +2,7 à 2,4% dans l’UE à 28) au terme des trois premiers mois de l’année.
Je ne vois pas en quoi cela peut doper la monnaie unique, car quand bien même ce chiffre est conforme aux attentes, ce n’est de toute façon pas une bonne nouvelle.
Mon étonnement s’accroît singulièrement lorsqu’on se penche sur les commandes à l’industrie allemande, qui à en croire Destatis ont chuté de 2,5% en avril 2018, alors que le consensus tablait au contraire sur une augmentation de 0,6%. Ce décrochage fait par ailleurs suite à un recul de 1,1% en mars (chiffre révisé de -0,9% en estimation préliminaire).
Histoire d’enfoncer le clou, et pour bien mesurer à quel point la conjoncture est florissante dans la zone euro, les commandes à l’Allemagne de la part de ses partenaires ont plongé de 9,9% en avril.
Dans ce contexte, je suis désolé d’admettre – pour la deuxième journée consécutive – que je trouve quelque peu déconcertante la hausse des rendements et le rallye haussier de l’euro.