Alors que le troisième trimestre touche à sa fin, les financières européennes affichent un parcours boursier catastrophique. Et avec une chute de 45% depuis le 1er janvier, ING (AS:INGA) l'une des plus mauvaises performances du secteur. Les analystes sont pourtant unanimes quant au potentiel de la valeur. Explications.
Rappelons d’emblée que la défiance à l’égard des valeurs bancaires reflète les préoccupations des investisseurs quant à la qualité des crédits en portefeuille des banques, et ce dans un contexte de crise économique sans précédent et de risques de défauts importants.
Pour ING, première banque des Pays-Bas, la crise survient au sortir de plusieurs années déjà difficiles, sur fonds d’une restructuration massive (suppression de plusieurs milliers de postes et des fermetures d’agences). A cela s’ajoutent les contraintes qui touchent l’ensemble des acteurs bancaires: l'univers de taux bas, une réglementation accrue ou encore, la mutation vers le digital.
En parallèle, la banque batave a dû se dépêtrer il y a deux ans d’accusations de manquements aux règles anti-blanchiment, soldées par une ardoise de 775 millions d’euros. Et manifestement, la réputation d’ING n’a pas finit d’être écornée par ce genre de litige. Selon l'enquête internationale FinCEN Files rendue publique ce week-end, la filiale polonaise de la banque (ING Bank Slaski) aurait permis à ses clients de faire sortir de Russie et d'Ukraine quelque 675 millions d'euros aux origines suspectes.
Bref, autant d’éléments qui expliquent sans doute que l’action affiche, et ce depuis plusieurs années, une décote supérieure à celle de ses pairs bancaires.
Premier semestre bénéficiaire malgré le Covid
Pourtant, le contexte de crise économique sans précédent n’a pas empêché celui qui est aussi le premier groupe de services financiers du Benelux, de boucler les six premiers mois dans le vert sur un bénéfice net de 299 millions d’euros, certes en baisse de 80% en glissement annuel.
Et tandis que les provisions prises au premier semestre (deux milliards d’euros) pour faire face aux pertes sur crédits devraient diminuer au second, les analystes sont plutôt dithyrambiques quant au potentiel de l’action.
Peu de valeurs peuvent en effet s'appuyer sur une aussi large communauté de fans : 26 courtiers conseillent ainsi d’acheter ING, 12 de la conserver tandis qu’un seul affiche une recommandation de vente. A noter que ces prévisions ont été faites avant le scandale de ce début de semaine.
De quoi porter l’objectif de cours médian à douze mois à 8,49 euros, soit une hausse potentielle de 42% sur base du cours de clôture de ce mardi : 5,94 euros (*).
Dividende rimera-t-il avec rebond boursier ?
Pour voir l’action reprendre de la hauteur, il faudra probablement que le management fasse (favorablement) le point sur sa politique de dividende, mise en suspens cette année en respect des recommandations de la Banque centrale européenne. Sur fonds d’un bénéfice net de 4,78 milliards d’euros en 2019, ING avait prévu de distribuer un dividende annuel de 0,69 euro.
Alors que la banque se dit solidement capitalisée (ratio de solvabilité CET1 de 15,9%), on pourrait en savoir plus le 5 novembre prochain, lors de la présentation des résultats du troisième trimestre.
Rappelons que depuis qu’elle s’est affranchie du remboursement des dix milliards d'euros d'aides publiques perçues en 2008, ING a comme politique de rétribuer 40% de ses bénéfices aux actionnaires. Ces dernières années, le rendement brut sur dividende oscillait chaque fois entre 4 et 6%, faisant assurément d’ING, une valeur de rendement.
Chez Berenberg, la banque d'investissement allemande qui a relevé dernièrement à 8,4 euros son objectif de cours, on estime à ce titre qu’ING pourrait décider d’un dividende représentant la moitié du bénéfice 2020, conjugué à un programme de rachats d’action ou un dividende spécial.
Nota bene : ING est répertoriée au sein de l’indice Bel 20 mais son dividende n’en est pas moins soumis au double précompte. Et pour cause, l’établissement bancaire est coté sur son territoire domestique.