Depuis le 11 Aout dernier un tournant, surprise sur la forme mais attendu sur le fond fut opéré dans la politique monétaire chinoise, dépoussiérant ainsi l’ancien peg afin de le rendre plus mobile et plus large à la fois. Désormais ce nouveau peg que nous pourrions qualifier de flottant permet ainsi à la monnaie du peuple de tendre un peu plus vers son statut cible de paire majeure et monnaie de réserve.
En attendant une flottabilité totale qui devrait intervenir d’ici plusieurs années nous pouvons, nous devons même, en tant que traders actifs, d’ores et déjà commencer à nous intéresser sérieusement à cette devise. En effet les conditions de détente de la fixation des parités contenant le Yuan se sont tant assouplies par rapport à ce qui existait auparavant que les fluctuations de marché qui se dessinent depuis un peu plus d’un mois deviennent désormais intéressantes à travailler. Et ceci est d’autant plus vrai que petit à petit, à mesure que les jours passent et que les séances s’enchainent, nous voyons se dessiner un historique de plus en plus déchiffrable sur la courbe de référence.
Mais de quelle courbe parle-t-on exactement ? Le Yuan Renminbi CNY n’étant que peu accessible au grand public il nous faut donc passer par une voie détournée mais tout aussi efficace en choisissant le Yuan Offshore, traitable sous le trigramme CNH. Historiquement arrimé au Dollar américain le peg, même assoupli, doit donc continuer à être analyser sur la paire USD/CNH.
Avec un spread relativement faible et une exigence de marge qui reste raisonnable pour une paire exotique, la courbe USD/CNH se laisse volontiers apprivoisée par tout cambiste défricheur qui n’a de crainte de s’aventurer hors des sentiers battus ; mais après-tout n’est-ce pas là une des vertus essentielles à tout bon trader...
Un coup d’œil sur la courbe ci-dessus en bougies quotidiennes d’Avril à Septembre révèle trois temps distincts :
- Jusqu’au 10 Aout inclus une évolution plutôt horizontale des prix, manifestation d’un comportement typique d’une paire coincée entre un plancher et son plafond, tout deux serrés.
- Le 11 Aout 2015 ainsi que pareillement le lendemain 12 Aout, deux jours charnières de forte dévaluation souhaitée par les autorités chinoises composant ce fameux tournant dans la politique monétaire et qui imprégna dans cette courbe auparavant si tranquille des bougies atypiques de type longs cierges, dont la verticalité tranche nettement avec l’horizontalité qui régnait précédemment.
- Depuis le 13 Aout une évolution des cours que l’on pourrait qualifier désormais de « normale » tant les excès d’une volatilité soit brutale par sa verticale, tantôt somnolent horizontalement se sont estompés, révélant ainsi une paire beaucoup plus libre qu’auparavant.
Depuis ce troisième temps la courbe marque des plus hauts et des plus bas au gré des transactions dessinant peu à peu un canal, le premier d’un nouveau Yuan libre. Celui-ci est baissier ce qui n’est pas de nature à nous étonner puisque la banque centrale chinoise souhaitant aller à l’encontre de la gravité naturelle du marché en dévaluant sa monnaie laisse peu à peu l’élastique se détendre lorsque celle-ci baisse sa garde ; en d’autres termes ce canal vivra tant que la PBoC le souhaitera.
Travailler ce canal baissier dans le sens de sa tendance est donc plutôt risqué. Puisqu’il revient à se placer à l’encontre d’une banque centrale puissante et imprévisible. Il est donc nettement préférable de se ranger du côté du plus fort en achetant les bas de ce canal tout en visant pour tout premier objectif le haut de celui-ci, et si d’aventure les autorités chinoises le désiraient, être alors tenter de rejoindre un second objectif bien plus haut que l’oblique supérieure.
Par exemple, aujourd’hui autour de 6,40 se placer long USD/CNH pour viser dans un premier temps 6,45 n’est pas dénué de sens, et avoir un second paquet de lots en vu d’un deuxième objectif vers 6,50 ou plus renforcerait les gains en cas d’intervention active de la banque centrale de l’empire du milieu. Quant au stop-loss il n’est pas possible du fait de la pente de l’oblique inférieure de le positionner autrement que sous les 6,35 ce qui rapporte pour notre premier objectif le ratio gain sur risque à son minimum, soit 1. Toutefois ce ratio devient beaucoup plus intéressant, car égal à 2 voire plus, pour notre second objectif. Et c’est véritablement cela que nous attendons telle la cerise sur le gâteau.