En réalité, depuis mercredi dernier, nous naviguons entre désinformation, coups de bluff, intox et manipulation.
La dernière en date concerne le pétrole qui a effectué une chevauchée fantastique en 3 jours, repassant de 42,3 à 46,4 $, sur la foi de rumeurs indiquant que les membres de l’OPEP allaient dévoiler prochainement les termes de l’accord de réduction de la production pétrolière dont le principe a été acté il y a déjà 1 mois.
Mais on apprenait mercredi que l’Iraq, l’Iran, le Nigéria ne se rendront pas au meeting de Doha (au Qatar).
Alors quelle est la portée d’un éventuel accord signé sans la présence de trois acteurs majeurs ? Chacun représente plus de 3Mns de barils/jour, soit l’équivalent (en cumulé) de l’Arabie Saoudite.
Et si la Russie ne referme pas le robinet, les surplus de pétrole ne sont pas prêts de se réduire.
Mais il y a encore plus troublant. Donald Trump aurait le projet de remettre des mines de charbon en service (et les centrales thermiques qui vont avec). Le future Président (il ne rentrera officiellement en fonction que le 20 janvier prochain) a une obsession pour l’indépendance énergétique des Etats-Unis et ne croit pas que des kilotonnes de Co² rejetés dans l’atmosphère participe au réchauffement climatique.
Autrement dit, l’Amérique n’a aucun intérêt à brûler son précieux pétrole dans des centrales qui fonctionneront plus économiquement au charbon, une ressource bon marché et disponible en quantité quasi-illimitée dans le sous-sol U.S ou canadien.
Si l’Amérique importe moins de pétrole (c’est ce que souhaite son futur président), ce n’est pas une bonne nouvelle pour les pays producteurs. Les déficits vont, dans ce cas, continuer de se creuser en Arabie Saoudite, en Irak, au Nigeria et en Russie (et dans les ex-républiques soviétiques devenues des pétromonarchies).
Et puis, la hausse du billet vert constitue par ailleurs une malédiction pour beaucoup de pays émergents (non OPEP) qui sont endettés en dollars et qui exportent en dollars : le poids de la dette s’accroît, la compétitivité des produits se dégrade, c’est du « perdant/perdant ».
Rajoutez à cela des menaces de remise en cause de l’accord TTP (union douanière transpacifique à l’ouest et de l’Alena au Sud), saupoudrez d’une bonne dose de protectionnisme pour ne pas renier les promesses de la campagne électorale… et dans quelques temps, nous devrions avoir toutes les places émergentes (Mexique, Chili, Brésil, Thaïlande, Malaisie, etc.) dans le rouge vif. Elles ont d’ailleurs déjà commencé à broyer du noir dans le silence médiatique le plus complet.
Le Dow Jones (et ses 30 valeurs) a gagné +5,5% en 7 séances ? La belle affaire !
On ne voit et on ne parle que de l’indice star américaine, mais pour mieux ignorer les indices émergents qui chutent d’autant – et cela concerne des milliers d’entreprises cotées.
En fait, il est très facile de soutenir un indice composé de 30 titres ; c’est beaucoup plus difficile lorsqu’il en contient des centaines (comme le S&P 500) et cela devient très compliqué lorsqu’il en regroupe des milliers (comme le NASDAQ Composite).
Les records en série du Dow Jones ont été fortement médiatisés dans ce qui s’apparente à une véritable propagande pour convaincre les épargnants que l’accession au pouvoir de Donald Trump a finalement de bons côtés.
Les experts, les stratèges et commentateurs ont retourné leur veste plus vite qu’Arturo Brachetti et ont construit a posteriori tout un argumentaire pour justifier une apparente euphorie de Wall Street que pas un seul d’entre eux n’avait vu venir et contre laquelle beaucoup aurait pris de paris contraires si leur boule de cristal n’avait été recouvert d’autocollants arborant « Hillary for Président ».
Nous ne retournerons pas notre veste. Nous vous avons recommandé de couvrir vos portefeuilles à 4 500 points et un peu au-dessus sur le CAC40, à 2 200 sur le S&P et cette stratégie n’est pas invalidée, loin de là… C’est déjà un miracle que des taux à 2,25% aux Etats-Unis n’aient pas fait rechuter le S&P500 sur 2 100 points. Vous m’avez donc bien compris : conservez vos couvertures.
En ce qui concerne le pétrole, nous miserions sans état d’âme sur sa rechute. La remise en activité de centrales au charbon aux Etats Unis devrait sonner le glas de son rebond.
Restez à l’écart de ce secteur, maintenez vos couvertures et ne perdez pas de vue que la période actuelle nous afflige d’une déferlante de désinformation, coups de bluff, intox et manipulation.